Onze jours après la disparition de deux agents des Nations Unies et 4 Congolais dans le Kasai-Central, les recherches menées conjointement entre les forces de la MONUSCO et l’armée congolais continuent toujours.. Pour autant, aucune trace de vie ou de mort n’a été trouvée jusqu’à présent.
Au cours de la traditionnelle conférence de presse hebdomadaire de la mission de l’ONU pour la stabilisation de la République Démocratique du Congo (Monusco) de ce mercredi à Kinshasa, la responsable des enquêtes du Bureau Conjoint de l’ONU aux droits humains, BCNUDH, n’a pas été capable de confirmer si les deux membres du groupe d’experts enlevés dans le Kasaï sont toujours vivants.
À une question de POLITICO.CD qui voulait savoir si des preuves de vie de Michaël Sharp et Zahida Katalan etaient disponibles, la représentation du BCNUDH a déclaré que « la matière ne faisait pas partie du mandat de la division des droits humains » avant de rassurer : « Mais nous faisons tout pour les retrouver. »
Abordant la situation au Kasaï, la Monusco confirme avoir des preuves de l’existence de 10 fosses communes au dans cette région en proie à des violences. « Nous avons reçu plusieurs informations dans ce sens, mais certaines ne sont pas encore totalement verifiées. Ce qui est sûr, c’est qu’il existe au moins 10 fosses communes dans le Kassaï Central, dont 7 dans le territoire de Dembe qui dateraient du mois de septembre 2016 et 3 dans celui de Tshimbulu qui contiennent des restes humains plus récents, datant autour de fevrier 2017″, a-t-elle expliqué. Cette dernière a également confirmé avoir partagé ces informations avec les autorités congolaises.
La semaine dernière, la France et la Belgique ont haussé le ton, appelant les autorités congolaises et la Monusco à à déployer tous les moyens possibles pour retrouver les personnes concernées. « La France est vivement préoccupée par la disparition, le 12 mars, dans la région du Kasaï, de deux représentants du groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo, agissant en vertu de la résolution 1533 du conseil de sécurité des Nations unies« , fait savoir un communiqué publié vendredi sur le site de l’ambassade de France en RDC.
« Nous appelons la mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), avec l’appui des autorités congolaises, à déployer au plus vite tous les moyens nécessaires pour les localiser » insiste ce communiqué.
Même son de cloche du côté de la Belgique où les autorités, comme ceux de la France, disent inquiète « fortement » face à cette disparation. « Cette disparition constitue « une atteinte très grave aux efforts de la communauté internationale pour favoriser le retour de la paix et la stabilité en RDC », dit l’ancienne puissance coloniale.
« Face aux informations convergentes faisant état de violations massives des droits de l’homme et du droit humanitaire dans cette région, y compris l’usage disproportionné de la force, des exécutions arbitraires et la découverte de fosses communes, elle [la Belgique] plaide, avec ses partenaires européens, pour l’ouverture d’une enquête internationale et indépendante, en complémentarité et en soutien des efforts nationaux », fait savoir ce communiqué belge.
Joint par Politico.cd, Lambert Mende Omalanga, ministre Congolais de médias et communication également porte-parole du gouvernement, a indiqué mardi que les recherches sont jusqu’à présent infructueuses. « Les recherches ont repris ce matin, parce qu’hier elles ont été infructueuses malgré les moyens de FARDC, de la police voire des hélicoptères de la Monusco. Jusqu’à présent on n’est pas encore arrivé à localiser les personnes portées disparues« , a dit M. Mende.
Lundi, la mission de l’ONU pour la stabilisation de la République Démocratique du Congo (Monusco) et les forces de sécurité congolaises ont annoncé avoir lancé des opérations pour obtenir la libération des otages. Il s’agissait notamment de l’intensification de patrouilles dans le périmètre Bunkonde-Tshimbulu, où s’est produit l’incident. Au total six personnes qui étaient dans ce convoie motorisé ont été portés disparus. Outre les deux membres du groupe d’experts de l’ONU, quatre Congolais dont trois motocyclistes et un interprète ont également été kidnappés.
Réagissant à une information selon laquelle ces officiels seraient déjà exécutés par les boureaux, Lambert Mende Omalanga a démenti ce qu’il qualifie de rumeur. « Tant qu’on a pas encore vu les corps, nous continueront les recherches pour retrouver ces personnes disparues » a-t-il dit à Politico.cd
Les provinces issues du démembrement de l’ancien espace du Kasaï sont en proie aux tensions depuis août 2016. Une tension née de la non reconnaissance d’un chef coutumier local a embrasé trois provinces. Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, OCHA, plus de 200 personnes sont mortes et plus de 200.000 autres ont été déplacé par ces troubles.