Après avoir fait observer une minute de silence, le président de la République a prononcé son discours, appelant à aller de l’avant. Joseph Kabila annonce également la nomination « dans les 48 heures » d’un Premier ministre dans le cadre de l’accord signé le 31 décembre dernier.
Le Président appelle également les opposants du Rassemblement à « résoudre leurs divergences », tout en réaffirmant son engagement à mettre en oeuvre cet accord. Une loi doit être rédigée par le Parlement à cet effet.
Joseph Kabila demande aux deux chambres du Parlement de résoudre l’autre point de blocage de l’accord, qui concerne la présidence du Comité de suivi de l’accord. Le Sénat et l’Assemblée nationale devrait établir le profil du candidat à nommer.
Vers la nomination d’un autre Premier ministre que Félix Tshisekedi
Depuis lundi, le président Joseph Kabila a initié des consultations dans le but de trouver une solution au blocage dans les discussions autour de l’arrangement particulier pour l’application de l’accord signé le 31 décembre entre sa famille politique et l’opposition congolaise. Cette initiative fait suite à la promesse du Président congolais qui a fait savoir, à travers un communiqué lu à la télévision nationale le 29 mars, qu’il allait poursuivre la médiation autour de ces pourparlers, après que la Conférence nationale épiscopale nationale (CENCO) ait officiellement jeté l’éponge.
Cependant, ces assises de Joseph Kabila n’ont pas connu l’unanimité attendue. Le Rassemblement, principale coalition de l’opposition, a boycotté la rencontre prévue à la clôtures des entretiens. La coalition dirigée par le fils d’Étienne Tshisekedi accuse le Président d’être à la fois juge et partie.
Néanmoins, Joseph Kabila dont les services ont confirmé l’invocation de l’article 77 de la Constitution, lui permettant de convoquer les deux chambres du parlement en Congrès, a reçu toutes les autres plateformes de l’opposition, y compris la dissidence du Rassemblement dirigée par Joseph Olenghankoy. En absence de l’aile Félix Tshisekedi – Pierre Lumbi, le groupe du président du FONUS a fait savoir qu’il été disposé à « donner » au Président une liste de trois candidats Premier ministres, résolvant ainsi ce point de blocage au niveau du Dialogue.
Joint au téléphone par POLITICO.CD, Tryphon Kinkiey Mulumba, président du parti Kabila-Désir et cadre de la Majorité Présidentielle, estime que le Président avait « tout ce qu’il faut » pour nommer « immédiatement » un Premier ministre.
« Le Chef de l’Etat va certainement tiré la conclusion de l’échec d’une mission de bons offices [de la CENCO], et dire qu’il faut aujourd’hui passer à l’étape suivante, à une autre phase; c’est-à-dire ne plus perdre le temps, aller à la nomination du Premier ministre, parce que c’est à lui que revient le Pouvoir (…) le Président de la République peut nommer immédiatement le Premier ministre, il a déjà reçu des propositions de différentes plateformes, de différents regroupements et c’est sur cette base qu’il va se prononcer », estimé l’ancien ministre des Postes et Télécommunications.
En effet, Joseph Kabila s’est même entretenu, à la clôture de ces consultations, avec Valentin Mubake, le Secrétaire général adjoint de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti dont est issu Félix Tshisekedi, candidat du Rassemblement à ce poste de Premier ministre. M. Mubake a néanmoins fait savoir qu’il s’est présenté à Joseph Kabila « intuitu personae ».
Les estimations du président de Kabila-Désir sont confirmées par un autre haut cadre de la Majorité Présidentielle, joint également par POLITICO.CD, mais qui a requis l’anonymat. « Le pays est fatigué des caprices infantiles de ces opposants qui ont largement montré qu’ils ne se battent que pour des postes« , dit-il.
« Demain, le président y mettra un terme. Nous allons avancer. Le Président a consulté toutes les parties, y compris même les Tshisekedistes [il fait allusion à Bruno Tshibala et Valentin Mubake]. De plus, tous les candidats Premier ministres sont à la disposition du Chef de l’Etat à présent« , clonclu-t-il.
Toutefois, le Rassemblement met en garde contre une nomination de Premier ministre autre que Félix Tshisekedi, menaçant d’en recourir à la rue. « Le prochain Premier ministre qui devra nous conduire aux élections c’est Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Si Joseph Kabila s’entête à faire comme la fois dernière [il fait allusion à la nomination de Samy Badibanga], nous allons cette-fois en recourir à l’arbitrage du peuple. Et nous savons que le peuple ne laissera pas faire une telle mascarade« , menace Jean-Claude Vuemba, député congolais et cadre du Rassemblement.
Un commentaire
Pourquoi Félix TSHISEKEDI a signé l’accord qui stipule que le Président nomme le Premier Ministre conformément à l’article 78.
Félix doit s’en prendre à lui-même.