Signé le 31 décembre en République démocratique du Congo, l’accord de la Saint-Sylvetre prolonge le mandat du président Joseph Kabila à la tête du pays, contre un partage de gestion avec l’opposition et l’organisation des élections avant la fin de l’année en cours. Le Président a nommé un Premier ministre le 7 avril, un arrangement particulier a été signé le 27 du même mois, alors qu’une partie de l’opposition boude cette mise en place.
« Non seulement la coalition au pouvoir en RD Congo défie certains principes clés de l’accord de la Saint-Sylvestre, mais les forces gouvernementales exercent une répression politique effrénée et commettent des violations à grande échelle des droits humains », accuse Ida Sawyer dans un long article publié sur le site de l’organisation Human Rights Watch ce mardi.
Soutenant visiblement l’opposition dirigée par Félix Tshisekedi, le fils du leader historique de l’opposition décédé le 1er février à Bruxelles, Mme Sawyer, qui a été refoulée de Kinshasa par les autorités l’année dernière, demande des nouvelles sanctions.
« Le manque de mise en œuvre de l’accord commence à ressembler à une manœuvre dilatoire de plus pour maintenir le président Joseph Kabila au pouvoir. Des actions fortes, y compris de nouvelles sanctions ciblées, sont nécessaires de toute urgence afin de renouveler la pression et de tenter de remettre l’accord sur la bonne voie », dit-elle.
« Ce type de pression a fonctionné en RD Congo par le passé. Les partenaires internationaux du pays – notamment les États-Unis, l’Union européenne et les leaders régionaux – ont fait pression sur Kabila et son gouvernement dans les mois précédant le 19 décembre 2016, marquant la fin de son deuxième et dernier mandat autorisé par la constitution. Cela avait entraîné des concessions importantes et l’aval de Kabila à l’accord conclu grâce à la médiation de l’Église catholique, qui stipule qu’il ne tentera pas de modifier la constitution ni de briguer un nouveau mandat, et que les élections auront lieu avant fin décembre 2017« , ajoute Mme Sawyer.
La représentante de Human Rights Watch appelle nommément les États-Unis, l’Union européenne et le Conseil de sécurité à « imposer de nouvelles sanctions ciblées à l’encontre des principales autorités de RD Congo les plus responsables des graves violations des droits humains et des tentatives de retarder ou d’entraver les élections. Une nouvelle série de sanctions ciblées par les États-Unis adresserait un message clair selon lequel la pression sur le gouvernement Kabila continuera sous la nouvelle administration Trump »
« Ces mesures devraient être accompagnées d’une forte campagne de messages publics et privés de la part des partenaires internationaux et régionaux de la RD Congo, indiquant qu’il y aura des conséquences graves dans leurs relations avec la RD Congo si des élections crédibles ne sont pas organisées d’ici la fin de l’année« , pense-t-elle.