Une scène surréaliste a lieu au siège du Parti du peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), dans le centre-ville de Kinshasa. Des militants euphoriques, entourent un homme surchauffé. C’est le Secrétaire permanent du parti, Emmanuel Shadary. Le candidat malheureux à la Présidentielle du 30 décembre dernier est sans équivoque. Il met en garde les ministres issus de son parti.
« Je m’adresse aux ministres. Quand vous y entrez (au gouvernement), soyez à l’écoute des vos camarades [du parti]. Vos téléphones doivent fonctionner. Ils doivent recevoir les appels de vos camarades (…) Cette fois-ci, si vous ne respectez pas, vous pourriez être [en visite] à Bunia, mais vous apprenez que c’est fini pour vous« , dit-il sous les applaudissements, avant d’ajouter: « Ils [les ministres] ont signé trois documents. Et leur contenu, vous le savez« .
Plusieurs sources confirment à POLITICO.CD que des ministres PPRD ont en effet signé trois documents, dont un acte d’engagement vis-à-vis du parti, mais également une lettre de démission. « Ces lettres sont conservées au parti et peuvent être diffusées à tout moment si un ministre s’écarte du chemin« , explique un cadre du parti sous le sceau de l’anonymat.
Derrière cette pression, il y a également des instructions claires de nommer des membres du parti dans des cabinets ministériels. Cette situation n’est pas propre au PPRD. Alliée du parti de Joseph Kabila, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) est allée plus loin, en fixant un quota de 70% de membres de chaque cabinet qui doit provenir du parti.
« Je me fais le devoir de rappeler à vos Excellences, qu’au cours de la réunion que vous avez eu avec la présidence du parti, à notre siège national ce jeudi, 29 août dernier, il a été convenu que le parti nous recommandera 70 % des membres devant constituer vos cabinets respectifs », a rappelé le Secrétaire général du parti de Félix Tshisekedi, Augustin Kabuya, dans une circulaire.
Pour ceux qui ne respecteraient pas cette mesure, des sanctions sont prévues. « Le non-respect de la note circulaire viole l’article 65 à son alinéa 3, des statuts du parti qui stipulent que le non-respect de la hiérarchie et des institutions du parti est un manquement grave. Pour ce faire, nous exigeons aux ministres de se conformer au statut du parti et à la note circulaire dans les 72 heures. Au cas contraire, nous allons leurs retirer notre confiance«
Du côté des ministres, ces mesures inquiètent. « Le problème est que nous risquons d’avoir des gens pas du tout comptétents imposés à des cabinets. Un ministre est d’abord au service de la nation. Et non plus au service de son parti. Cette situation risque d’accentuer les polémiques partisanes au sein des cabinets », dénonce un proche d’un ministre PPRD.
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Cette politique de dictature à la tête de nos partis politiques et d’obligations non conforme motivées par un caractère de sangsue ne feront jamais progresser notre politique, l’État de droit que nous prônons chaque jour, c’est aussi un équilibre entre la liberté de choix et obligation des textes. Espérons que cela va changé au plus vite.
Souvenez-vous que vous êtes là pour servir d’abord les intérêts du peuple et non d’un parti politique.