Alors que l’armée congolaise est toujours aux prises avec des présumés rebelles de l’ADF qui endeuillent la région de Beni, dans l’Est de la République démocratique du Congo, son porte-parole, le général Léon-Richard Kasonga a présenté à la presse, lundi 23 décembre, trente-sept combattants du groupe rebelle, capturés selon lui lors des opérations militaires dans ce territoire.
Selon ce haut gradé des Forces armées de la RDC (FARDC), après identification, ces derniers sont des nationalités ougandaise, burundaise, tanzanienne, kenyane, rwandaise, centre-africaine. A leur côté, se trouvent aussi des Maï- Maï locaux. “Ces terroristes ont fait des révélations troublantes et accablantes. ces révélations sont axées sur l’identité des égorgeurs, les commanditaires des tueries parmi lesquels, des politiciens des hommes d’affaires, des jeunes ,des membres de mouvements citoyens, des collaborateurs », affirme le général Léon-Richard Kasonga
« Ils ont également fait des révélations sur le financement local et externe mais aussi sur la localisation des auteurs, co-auteurs des massacres basés à Beni, à Butembo, à Lubero, à Kinshasa et à l’extérieur du pays. Je vous informe que l’abbé Machozi qui a été enlevé et tué par la suite, l’a été par ceux que vous voyez ici” ajoute-t-il.
A ceci, explique le Général congolais, il faut ajouter un plan d’assassinats, dont celui du maire de la ville de Beni. “Ils veulent aussi l’assassinat des notables. Le maire de la ville serait leur nouvelle cible. Leur vœu final est de créer une nouvelle entité qui partirait de Beni jusqu’en Ituri qui serait une entité politique et administrative contrôlée par eux.”
« Une manipulation de l’armée »
Le général Kasonga appelle à cet effet toute la population à une unité solide pour mettre fin à la barbarie des groupes rebelles dans toute la partie Est de la République démocratique du Congo. « Un appel à l’unité, un appel en direction des jeunes, un appel en direction de nos parents, cultivateurs, pêcheurs, mouvements citoyens, tous ceux qui composent la communauté locale, la communauté nationale, les différentes communautés ici, d’être derrière l’armée, de soutenir l’armée, d’informer l’armée, d’être avec l’armée, parce que la victoire qui est recherchée ici à Beni dans le grand Nord et sur l’ensemble de la partie orientale de notre pays ».
Du côté des mouvements citoyens, on estimé que ces révélations sont une « manipulation » de l’armée. « C’est avec beaucoup d’amertume que j’ai suivi cette manipulation de l’armée présentant un prisonnier qui a fait cette révélation qui mettrait en cause des acteurs locaux et des acteurs des mouvements citoyens« , dénonce Bienvenu Matumo, joint par POLITICO.CD.
« La LUCHA est un mouvement qui oeuvre pour la paix et pour la stabilité de la région de Beni. C’est depuis 2014 que nous avons commencé à dénoncer les massacres, que nous n’avons pas cessé de multiplier des plaidoyers au niveau national et international pour que ces massacres cessent. Et on ne comprend aujourd’hui que ces présumés otages ou rescapés viennent accuser les mouvements citoyens, sans les citer nommément« , dit ce membre du mouvement Citoyen Lucha (Lutte pour le Changement).
« Nous, en ce qui nous concerne, nous sommes à Beni, nous sommes en train de militer pour que les massacres cessent. Nous multiplions des actions, que ça soit au niveau de Beni, ou ailleurs« , ajoute-t-il.
Mais ces présumés ADF capturés ne sont pas les premiers à citer un rôle des mouvements citoyen dans cette crise à Beni. Au début du mois de décembre 2019, Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint des Nations-Unies en séjour en province du Nord-Kivu, a fait également une révélation après la prise d’assaut de bases de la MONUSCO par des jeunes, soutenus notamment par la LUCHA.
Jean-Pierre Lacroix estimait alors que ces attaques étaient bien coordonnées et financées, par des gens dont il n’a pas cité le nom. « Avec le gouverneur, on s’est dit qu’il n’y ait plus d’impunité, parce que les actes qui ont été commis ces derniers jours, dont les attaques contre les sites de la MONUSCO à Boikene, n’étaient pas spontanées, elles ont été planifiées et organisées. Je ne dis pas ça pour minimiser la frustration de la population qui souffre. Nous comprenons cette frustration mais en même temps, il y a des actes qui ont été prémédités, organisés et financés, et il faut que les responsables, à tous les niveaux, soient démasqués et qu’ils répondent de leurs actes« , a déclaré le numéro 2 de l’ONU.