À quatre reprises, le président Félix. Tshisekedi s’est retrouvé autour d’une table avec ses collègues angolais Joao Lourenço, rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni pour ramener la paix et la concorde entre les voisins ougandais et rwandais.
Le récent Sommet de la quadripartite, tenu vendredi 21 février 2029 à Gatuna/Katuna, contraint l’Ouganda de dénicher et de neutraliser les rebelles rwandais actifs sur son territoire endéans « un mois ».
Un protocole d’accord a même été signé par Museveni et Kagame dans l’intérêt bien compris du Rwanda qui exige de vivre en paix sur son territoire. Et le Chef de l’État congolais s’y est investi corps et âme. Pourtant, en dehors des 800.000 Tutsis tués et le million de Hutus modérés s’étant réfugiés au Congo-Kinshasa à la fin du génocide le 17 juillet 1994, aucun autre massacre n’est signalé au pays de Paul Kagame.
LE GÉNOCIDE CONGOLAIS
Avec plus de 8 millions de morts de 1996 à 2019, l’actuel génocide congolais – que certaines officines de banaliser – est le troisième après ceux de l’esclavage qui avait décimé 10.000 personnes et du régime colonial sous le Roi Léopold II (1885-1908) qui avait ôté la vie à 15.000 personnes.
Face à cette terrible réalité qui se poursuit, les Congolais attendent de leurs dirigeants qu’ils invitent aussi leurs collègues ougandais et rwandais à se retrouver, avec les mêmes acteurs dans une quadripartite consacrée à la République démocratique du Congo où pullulent plus de cent groupes qui volent, violent, tuent et pillent les richesses minières dans les provinces du Kivu, en Ituri et au Maniema, sans discontinuer.
Le Groupe d’études sur le Congo a recensé 125 groupes armés qui prolifèrent dans ces quatre provinces. Parmi eux, les plus actifs sont les rebelles ougandais de l’AD et rwandais des FDLR. « À leurs côtés, se retrouvent des groupes d’autodéfense congolais – les Maï-Maï – qui affirment défendre leurs communautés locales en profitant d’une +économie de guerre+« , rapporte le Groupe d’études sur le Congo citant Boniface Musavuli, auteur de l’ouvrage « Les massacres de Beni ».
« Il y a les Maï-Maï de Kata Katanga qui opèrent dans l’ancienne province du Katanga. Il y a aussi les Maï-Maï Yakuntumba dans la province du Sud-Kivu et les Raïa Mutomboki qui opèrent dans le Sud-Kivu et un peu dans le Nord-Kivu. Enfin, il y a les NDC, qui opèrent principalement dans le Nord-Kivu, qui ont été récemment cités dans l’opération qui a abouti à la mort de Sylvestre Mudacumura, le chef militaire des FDLR dans l’est du Congo« , précise-t-il.
Il signale qu' »aux activités de ces milices locales s’ajoutent celles d’autres groupes armés étrangers qui opèrent dans les plateaux d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, frontalière du Burundi« . Il cite les rebelles burundais du RED-Tabara, des FNL et du Forebu dont certains sont soutenus par le gouvernement rwandais. « Ces milices armées sont à l’origine des mouvements de populations dans l’est de la RDC », témoigne Helène Shaddai, coordinatrice du Directoire des organisations féminines pour la paix, le DIOFAP.
Elle ajoute : « Les Maï-Maï sont appuyés par des milices burundaises et les Banyamulenge (groupe rwandophone, ndlr) sont appuyés par des milices rwandaises et ougandaises ». Le rapport du Groupe d’études sur le Congo note que « les Maï-Maï représentent plus d’une cinquantaine de groupes, pas tous actifs, et se sont formés à l’origine pour combattre les envahisseurs ougandais ou rwandais« .
« Leur prolifération s’explique par les rivalités autour du trafic illicite de minerais, dont une partie franchit la frontière, en direction du Rwanda notamment. Le coltan fait partie des ressources rares mais très enviées de la RDC. Une stratégie commune. Depuis son élection, le président congolais Félix Tshisekedi s’efforce de mieux coordonner l’action militaire contre ces groupes armés », ajoute-t-il.
« Il y a des dizaines de groupes armés qui ont pour point commun d’exploiter la population civile et les ressources minières. Et, donc, l’armée congolaise a maintenant décidé d’en finir avec ces groupes armés, ce qui n’est pas une mince affaire« , explique Colette Braekmann, journaliste, spécialiste de la RDC.
Doit-on attendre l’érection d’un autre M23 qui avait occupé la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, et qui avait ensuite été détruit en 2013 par une action conjointe de l’armée congolaise et de la Mission des Nations unies au Congo (MONUSCO) ?
Les Congolais, particulièrement, s’impatientent, las d’avoir trop attendu la fin des massacres des leurs et la restauration de la paix.
NSUMBU Ange