C’est la question que plus d’un se posent. Les deux barbouzes de l’ancien régime de Joseph Kabila ont disparu des radars congolais, pendant qu’ils sont recherchés par la justice congolaise. Ils ont vraisemblablement résolu « d’esquiver » les démêlées judiciaires qui les accablent respectivement.
L’un est ancien Administrateur Général de la très redoutée Agence Nationale de Renseignements (ANR), présentée comme l’unique appareil qui fonctionnait « correctement » sous Kabila. Véritable machine à répression. Il s’agit de Kalev Mutond. L’autre est un ancien Chef de la Police Nationale Congolaise (PNC) : John Numbi. Tous deux, Wanted. John Numbi, soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat en 2010 du militant de droits humains Floribert Chebeya et de son Chauffeur Fidèle Bazana. Kalev Mutond, lui, voit se déferler sur lui une vague de plaintes, entre-autres pour tentatives d’assassinat, tortures et arrestations arbitraires. Dieu seul sait où se cache Kalev en ce moment.
Un flic au Zimbabwe
Leurs disparitions, loin des radars de la justice congolaise, ne laisse pas indifférent bien d’analystes. « Comment comprendre que le Général Numbi, un homme aussi bien connu, puisse s’exfiltrer alors que nos services ne sont pas au courant ?», s’interroge l’ONG de défense des droits humains Justicia ASBL. Comment John Numbi s’est-il retrouvé au Zimbabwe ? Qu’a-t-il fait pour échapper à la vigilance des services de sécurité commis à sa surveillance ? Il y a-t-il eu des complicités dans l’armée ?
Bien avant qu’il ne se rende au Zimbabwe, Joseph Kabila, ancien Président de la République, s’y était déjà rendu. À Harare, au Zimbabwe, c’était à l’invitation du Président Emmerson Mnangagwa. Sans donner d’autres détails, l’ancien chargé des missions de Joseph Kabila, Lubunga Bya Ombe, avait fait savoir que les deux hommes ont eu des entretiens sur la situation générale dans la région. Pour beaucoup, l’ancien Président de la RDC aurait négocié également une asile pour ses proches. Kabila est rentré en RDC le 5 mars. Le 20 mars, l’ONG ACAJ signale que John Numbi est sorti du pays depuis deux semaines déjà. C’est-à-dire, autour de la période du retour de Kabila. Tout laisse transparaitre en filigrane une scène négociée.
Hier retranché dans sa ferme dénommée « Beijing » à Lubumbashi, le Général Numbi a réussi à quitter discrètement la RDC. Sa dernière apparition était en effet dans une vidéo sur les réseaux sociaux. Le Général donnait des leçons à l’une de ses filles sur le maniement des armes. Et depuis, plus rien.
John Numbi, est un des bras séculiers de Joseph Kabila. Mais il a de nouveau été pointé du doigt tout récemment, à travers les nouvelles révélations dans l’affaire de l’assassinat de l’activiste des Droits humains Floribert Chebeya et de son Chauffeur Fidèle Bazana. Le Général Numbi n’a jamais été poursuivi. Il avait comparu en tant que témoin au procès en 1ère instance en 2011, mais n’avait pas été appelé à la barre lors du procès en appel en 2015, qui a condamné à 15 ans de réclusion un Colonel de police, en l’occurrence Daniel Mukalay, toujours incarcéré à Kinshasa. Le même procès avait acquitté un Capitaine. En première instance, trois policiers avaient en outre déjà été acquittés et trois autres, en fuite, sont condamnés à mort par contumace. Après les récents témoignages sur la radio RFI de deux policiers ayant pris part aux meurtres du Défenseur des droits humains et de son Chauffeur, des nombreuses voix se sont élevées pour réclamer la réouverture du procès et particulièrement des poursuites contre le Général Numbi.
Un flic introuvable
Un ancien homme fort du régime de Kabila est introuvable pour le moment : Kalev Mutond. Il est, lui, dans l’œil du cyclone de la Justice congolaise. Plusieurs plaintes sont déposées au Parquet général de Kinshasa-Gombe contre celui que d’aucuns croyaient être invincible il y a seulement quelques mois encore, pour notamment « tortures, arrestations arbitraires et tentatives d’assassinat ». Hier puissant patron des renseignements congolais, ce pilier du système Kabila est aujourd’hui submergé sous une avalanche de plaintes dirigées contre lui.
À Kinshasa, l’on se rappelle le scénario de l’exile de Moïse Katumbi. Alors qu’il était submergé par des ennuis politico-judiciaires autour notamment du Mining Company Katanga (MCK), il a été évacué à Londres, en Grande Bretagne, pour des soins médicaux. « Guéri », Katumbi fera ensuite 3 ans d’éxile. Pour beaucoup, Joseph Kabila, alors Président de la République, avait facilité ce déplacement d’autant plus que c’était un mal nécessaire pour lui. À défaut d’être dur envers Katumbi, au péril de sa propre réputation, Kabila aurait souhaité le laisser partir pour l’Europe. Une hypothèse qui, pour beaucoup, explique non seulement la disparition de Kalev, mais aussi, la cavale de Numbi.
Ancien membre de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), le mouvement de rébellion de Laurent-Désiré Kabila, Kalev Mutond est resté pendant de longues années dans le cercle très restreint du Président honoraire Joseph Kabila. Soupçonné d’entretenir des liens avec d’anciens rebelles du M23 et de vouloir déstabiliser les institutions, Kalev Mutond fait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire et avait été interpellé le 12 février 2020 par la Direction générale de migration (DGM) à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, avec pour conséquence la confiscation de son passeport diplomatique.
Kalev Mutond est introuvable même pour sa famille qui se plaint du fait que leur père est sorti de la maison dans la « précipitation » depuis plusieurs jours. L’un de ses téléphones, à en croire sa fille ainée, est tenu par un monsieur « inconnu » de leur famille, qui répond brièvement aux coups de fil.
Stéphie MUKINZI | @Stephie_MKZ
Un commentaire
Qui trompe qui?
( la famille du criminal kalev et ses avocats connaissent l’endroit où se trouve le cannibale kalev