Le Député national élu du Sud Kivu, Moïse Nyarugabo Muhizi, dans une déclaration faite à la presse au cours de la séance plénière tenue le mercredi 21 avril 2021, a demandé à ses collègues Députés nationaux de tendances confondues de suspendre leur participation à toutes les activités de l’Assemblée nationale, jusqu’à l’instauration de la paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).
L’élu du Sud-Kivu motive sa déclaration : « À quoi ça sert de continuer à voter des lois pendant que des populations sont en train d’être décimées dans l’Est du pays ? », s’interroge-t-il. Moïse Nyarugabo épouse l’idée du Député de la province de l’Ituri, Jean Ahusa, celle d’interpeller le Gouvernement quant aux massacres qui continuent à être perpétrés à l’Est. Il estime, à son niveau, que tous les Députés devraient se mettre d’accord en vue “d’arrêter de voter des lois si rien n’est fait à l’Est du pays”.
Nyarugabo saisit l’opportunité pour réagir à la récente déclaration du Président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso, sur une supposée implication de certains Députés nationaux dans le climat d’insécurité qui mine l’Est du pays. En effet, Mboso avait appelé les Députés nationaux de l’Est à “quitter les groupes armés”. À ce sujet, Moïse Nyarugabo appelle l’Etat congolais à se charger des tireurs des ficelles de l’insécurité à l’Est du pays.
À en croire cet élu du Sud Kivu, l’Etat dispose des services de sécurité capables d’identifier ces personnes qui profitent de l’absence de l’Etat pour alimenter les groupes armés. “Si réellement il y a des députés qui sont avec les groupes armés, on a les services de sécurité. L’État, pourquoi ne s’en charge-t-il pas ? Est-ce qu’on a déjà introduit un dossier au niveau du Parlement et il n’y a pas eu levé d’immunités ? Là aussi, c’est encore aux services de sécurité, au Gouvernement et à l’État d’agir”, a réagi le Député Moïse Nyarugabo.
Pour lui, il ne faudra pas seulement faire des appels. « Je crois que nous avons dépassé le niveau de faire des appels de conscientisation. Il faudra poser des actes”, a-t-il précisé.
Le climat d’insécurité qui règne dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) fait la Une de la presse congolaise ces derniers jours. Elle a soulevé des mouvements de protestation de la part des habitants de cette région qui expriment ainsi leur ras-le-bol. Plusieurs manifestants ont paralysés certaines villes afin d’exiger le départ de la MONUSCO.
À titre d’exemple, le mardi 7 avril, la population de Kasindi, une commune rurale transfrontalière avec l’Ouganda, excédée par les massacres à répétition commis par des éléments du groupe terroriste ADF, a barricadé la route pour empêcher un convoi de la MONUSCO de traverser et de passer par cette partie du territoire de Beni. En effet, ces dernières semaines, des manifestations se sont multipliées dans plusieurs parties de la province du Nord-Kivu, exigeant notamment le retrait de la MONUSCO dans la region de l’Est de la RDC. La population estime qu’il n’y a pas suffisamment d’engagement de la part de la MONUSCO pour la protection des civils, au point que la Cheffe de la mission onusienne au Congo, Bintou Keita, a été forcée de reconnaître il y a quelques jours lors d’un point de presse à Beni que ni les forces de l’ordre au pays, ni la MONUSCO ne sont parvenues à éradiquer les tueries dans cette ville, par exemple.
Ces vagues de protestation qui durent plusieurs jours ont poussé la plateforme d’opposition LAMUKA à annoncer, samedi 17 avril 2021 à travers un communiqué, la tenue d’une marche projetée pour le 24 avril, en soutien aux populations de l’Est. « Nous disons NON au génocide du peuple congolais et NON à la balkanisation de notre pays », lit-on dans un communiqué de cette plateforme.
En marge de la récente visite à Kinshasa du Président Uhuru Kenyatta, le Kenya et la RDC, ont signé une série d’accords notamment dans le domaine de la défense et de la sécurité. Au cours d’un point de presse co-animé ce mercredi 21 avril avec son homologue Kenyan, le Président congolais Félix Tshisekedi a annoncé l’arrivée prochaine des troupes kenyanes en RDC, en vue d’appuyer les FARDC à résoudre le problème de terrorisme et de violences qui sévissent à l’Est du pays.
« Je profite de l’occasion pour tordre le cou à toutes ces critiques qui consistent à faire croire faussement que nous n’allons pas ou nous ne réagissons pas à la situation de l’Est. Je demande à tous de bien se tenir parce que notre riposte sera impitoyable jusqu’à l’éradication totale de cette violence à l’Est », a indiqué le Président Félix Tshisekedi.
Adrien AMBANENGO
Un commentaire
Que le député M. Nyarugabo cesse de jouer avec le feu – comme il sait le faire – et requalifié bien sa déclaration.
En effet, si, pour toutes affaires cessantes, l’Assemblée nationale FERME LES PORTES, implicitement, le gouvernement NE SERA PAS INVESTI.
À qui arrangerait cet acte criminel, est-_ce aux populations de l’Est, partant du Congo, qui attend fièvreusement cette activité hautement sensible.