6 pages. 1340 mots. Et voilà un discours totalement inattendu, mais dont la teneur raisonne déjà comme sans précédent. Critiquée en septembre dernier après la diffusion d’une de ses photos prise à New-York durant une réunion des épouses des Chefs d’Etat en marge de la 77ème Assemblée Générale des Nations Unies aux côtés de Jeannette Kagame, épouse du président rwandais Paul Kagame, alors que le président Félix Tshisekedi venait de tenir un discours ferme du haut de la tribune des Nations-Unies à New York, Denise Nyakeru Tshisekedi n’avait sans doute pas oublié cet épisode.
Au pays, l’agression rwandaise préoccupe toujours l’opinion publique. La rébellion du M23, soutenue par Kigali, refuse de déposer les armes, malgré les appels de la médiation Kenyane et même angolaise. A Londres, ce 28 novembre 2022, la Première dame de la RDC, Championne des Nations Unies pour les questions de la Prévention de la violence sexuelle, en a profité pour s’illustrer dans un discours choc du haut de la tribune de la prestigieuse Initiative de prévention de la violence sexuelle dans les conflits (PSVI). « C’est avec un sentiment partagé, mêlant joie et contrariété, que je prends la parole en ce moment. En effet, l’heure est grave. À cet instant précis où nous sommes ici rassemblés, des guerres injustes sont menées et à leur suite, s’ensuivent des conséquences désastreuses sur des familles, des communautés et des nations entières. On compte de millions de déplacés, des femmes et des enfants violés en masse, des tissus familiaux qui ne se reconstruiront plus… Face à ce tableau macabre, nous ne pouvons pas demeurer insensibles ; nous avons l’obligation morale d’accorder la même attention à ces maux qui rongent l’avenir de nos nations où qu’ils se manifestent sur la surface du globe.», a-t-elle lancé d’entrer.
Créée depuis 2012 par l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères, Lord William Hague de Richmond, et l’envoyée spéciale du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Angelina Jolie, le PSVI est une conférence annuelle organisée par le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth (FCDO). Elle accueille des personnalités internationales de premier plan, des représentants d’institutions et gouvernements, ainsi que des leaders de la société civile.
Denise Tshisekedi y été conviée par la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Mme Pramilla Patten. Sur place, elle devait également échanger avec Sophie de Wessex, l’épouse du prince Edward, après leur rencontre à Kinshasa en octobre dernier. La Première dame devrait alors prendre la parole pour s’exprimer sur la situation de la lutte contre les violences sexuelles au pays.
Mais elle n’a pas hésité à dénoncer nommément le Rwanda pour son rôle trouble notamment derrière la rébellion du M23 qui ravage actuellement la partie Est du pays. « À présent une guerre injuste est menée contre mon pays, la République démocratique du Congo, par des groupes terroristes soutenus par le Rwanda et cela nous concerne tous. Sa partie orientale est en proie à un cycle répétitif de conflits au cours desquels le viol a été massivement utilisé et continue d’être utilisé comme arme de guerre. Il va sans dire qu’en l’absence de conflits, nous n’aurons pas à déplorer toute sorte de crimes graves dont les violences sexuelles », a-t-elle dit.
Denise Tshisekedi a par la suite interpellé la Communauté internationale sur les pratiques qui font partie, selon elle, des causes profondes des violences dans l’Est de la RDC. « Mon pays, la RDC, enregistre de millions de morts et pleure encore une fois ses filles et ses fils aujourd’hui à cause d’une pratique barbare d’un autre temps, celle d’agression, dont les causes profondes sont liées au besoin d’accaparer nos richesses naturelles et dont les ramifications régionales remontent jusqu’à des sociétés multinationales », a-t-elle dit.
Denise Tshisekedi est actuellement au centre d’une initiative regroupant des organisations de la Société civile, l’Etat et les Associations des victimes autour de la recherche des solutions pour mettre fin aux cycles des violences en RDC. Autour du président Félix Tshisekedi, la Première dame a réussi à regrouper les principaux acteurs du secteur pour mettre en place un projet de lois et un Fonds de réparation en faveur des victimes des violences sexuelles.
A ce sujet, la Première dame en a profité pour présenter les dernières avancées de cette initiative, qui pourra bientôt aboutir à la promulgation de la toute première loi de protection de victimes de violences sexuelles en Afrique. « Que l’on soit congolais ou ukrainien, cette façon de ravir les biens d’autrui par l’usage de la force n’engendre rien de bon : nous devons abandonner cette pratique odieuse et le monde ne s’en portera que mieux », a conclu Denise Tshisekedi.
Retrouvez l’intégralité de son discours.