Pour les avertis, la question était légitime d’autant plus que les deux nations ont des liens historiques fondés sur une amitié de plus de 50 bonnes années et marquée par des empreintes indélébiles dont la symbolique est à l’image de la taille de deux pays. Le palais du peuple, le stade des Martyrs et le Centre Culturel et Artistique pour l’Afrique Centrale, actuellement en finition en sont les arrhes.
Outre ces infrastructures, qui du reste, captent mieux l’attention de l’opinion congolaise, il sied de relever que la Chine a le plus souvent soutenu la RDC sur la scène internationale, à travers ses prises de position et vote à l’ONU. Les congolais se rappellent que la Chine appelait de tous ses vœux la levée de la mesure de notification sur l’achat des armes imposée à la RDC par le Conseil de Sécurité.
De la visite proprement dite.
Après avoir posé les jalons d’un nouveau paradigme censé définir les rapports entre la République Démocratique du Congo et la quasi majorité des Etats du monde, il convenait, à ce stade, que les relations entre la RDC et la Chine soient revitalisées.
Pour cela, un pilotage politique de haut niveau s’avérait idoine pour mener à bien cet objectif.
C’est donc depuis ce mercredi 24 mai que le Président de la République est arrivé à Beijing, en Chine, à l’invitation de son homologue chinois, pour une visite d’état de 4 jours. Pour le Président congolais, il est question de parler d’avenir.
Des enjeux autour de cette visite.
Depuis une semaine, des supputations autour de cette visite font la une de l’actualité.
Considérée dans l’opinion congolaise comme un partenaire de secours de la République démocratique du Congo, la Chine est perçue comme une alliée stratégique de celle-ci.
En effet, face à la complexité de la situation globale de la RDC, les congolais attendent beaucoup de la Chine.
Ils espèrent voir la Chine apporter un soutien à la RDC en ce qui concerne les questions de sécurité, les questions économiques, les questions d’investissement, les questions industrielles etc.
Considérant le potentiel minier de la RDC, son potentiel forestier, ses multiples atouts naturels, et géostratégiques, sa population forte et jeune, sa diversité culturelle, la RDC représente aux yeux de l’opinion un enjeu stratégique majeur pour la Chine. Du côté congolais, l’expérience de la Chine en matière de développement est un facteur attractif et donc déterminant dans les rapports entre les deux pays.
Car, il faut dire que l’opinion congolaise garde à l’esprit le goût d’un partenariat inachevé dans ce qu’elle a appelé contrat chinois, conclu en 2008.
Pour une population habituée à voir ses droits être relégués en second plan, il est compréhensible qu’elle manifeste de telles attentes.
Fort de ce qui précède, le Président Tshisekedi est censé tenir le gouvernail de la RDC de manière à assurer d’une part son indépendance et sa souveraineté et d’autre part son développement.
De l’approche diplomatique du Président Tshisekedi.
Pour le Président Tshisekedi, il est avant tout question de poser un nouveau paradigme fondé sur le respect mutuel dans les relations entre la RDC et les autres pays du globe et en l’occurrence avec la Chine.
De ce fait, il est question pour le Président de la République de :
- Revitaliser les relations entre la RD Congo et la Chine et cela en procédant à des ajustements sur les principes fondamentaux qui soutiennent ces relations ;
- Mettre en place un nouvel agenda des projets dans le cadre des portefeuilles de deux pays au regard des réalités de l’heure ;
- Promouvoir un partenariat basé sur l’intérêt mutuel de deux pays ;
- Veiller à ce que la coopération soit centrée sur les secteurs d’intérêt de deux pays, notamment les infrastructures, l’industrialisation, l’agriculture, la sécurité, l’économie numérique etc.
N.B. En effet, il convient de souligner la similitude qui existe entre cette approche diplomatique du Président Tshisekedi qui repose sur sa philosophie de gouvernance connue sous le label « Le Peuple d’abord » et la philosophie du pouvoir de l’Etat Chinois à savoir, « Tout pour le peuple ».
Pour le Président Tshisekedi, dès l’instant où la partie chinoise adhère à ce postulat, la voie est ainsi balisée pour les discussions techniques avec les experts de deux parties.
Des acquis de la visite du Président Tshisekedi en Chine.
L’histoire retiendra de cette visite du Président de la République en Chine des lettres de noblesse.
Qu’il s’agisse des aspects protocolaires, politiques et/ou diplomatiques, la visite aura été pleine et très fructueuse.
Le Président de la République a eu des échanges au plus haut niveau de la sphère étatique chinoise.
Outre son homologue chinois, XI JINPING, le Président de la République a conféré également avec le Premier Ministre du Conseil des Affaires d’Etat, LI QIANG et aussi avec le Président du Comité Permanent de l’Assemblée Populaire Nationale, ZHAO LEJI.
Pour l’essentiel, nous retenons de cette visite les engagements suivants entre les deux parties :
- Valoriser davantage le leadership diplomatique des deux Chefs d’État et maintenir la dynamique du dialogue politique et des échanges de haut niveau ;
- Porter les relations sino-congolaises à un niveau plus élevé et étendre la coopération à tous les domaines d’intérêt commun, notamment l’éducation, la recherche scientifique, la santé, les infrastructures, les mines, l’agriculture, le numérique, l’environnement, le développement durable, les hydrocarbures, l’énergie, la défense et la sécurité ;
- Rapprocher les peuples chinois et congolais notamment par des échanges culturels intenses et la promotion du tourisme et des droits de l’homme ;
- Maintenir la concertation et revitaliser la Commission mixte de coopération économique et commerciale Chine-RDC ;
- Travailler ensemble notamment par l’échange d’expériences pour renforcer la synergie entre la modernisation à la chinoise en Chine et les objectifs de développement économique et social de la RDC ;
- Accroître le soutien mutuel sur les questions touchant aux intérêts vitaux de part et d’autre, objectif essentiel des relations sino-congolaises ;
- Se soutenir dans les affaires internationales et défendre l’ordre international fondé sur le droit international ;
- Renforcer la solidarité et la coopération entre les nations et soutenir le véritable multilatéralisme pour promouvoir la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité ;
- Renforcer les échanges et la coopération dans les domaines de la paix et de la sécurité, notamment intensifier les échanges entre les deux armées ;
- Promouvoir, dans le cadre du partenariat stratégique conclu en Commission mixte et dans le respect des règles du marché ainsi que de clauses des contrats spécifiques signés, la coopération en matière d’investissement ;
- Procéder à l’évaluation régulière de leur coopération minière en vue de sa consolidation dans l’intérêt réciproque et de long terme des deux pays, et régler les différends survenant dans cette coopération dans la confiance mutuelle et avec pragmatisme et équité, à travers notamment des consultations amicales.
En conclusion, il devra être retenu de cette visite, le mérite d’une stratégie diplomatique bien pensée et bien appliquée.
Grâce à cette intelligence diplomatique, la République Démocratique du Congo est présente sur tous les terrains où se dessinent et se décident l’avenir du monde et singulièrement celui du pays de Lumumba.
Avec cette visite, la polémique entretenue sur les déplacements du Président de la République est close. La coopération basée jusqu’ici sur un partenariat stratégique de coopération Gagnant-gagnant vient de se muer en un partenariat de coopération stratégique globale.
Ainsi, le retour de la RDC dans le concert des nations relève désormais du vécu.
Tina Salama,
Porte-parole du Président de la République