Les États Unis d’Amérique ont prévenu le gouvernement congolais sur le retrait annoncé de la Mission onusienne de la République démocratique du Congo d’ici fin 2023. C’est l’ambassadeur Robert Wood qui a signifié la position de l’administration américaine lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, lundi 26 juin à New York.
Selon l’administration Biden, l’importance de la MONUSCO pour la RDC et la région au sens large est claire.
« C’est pourquoi les États-Unis sont préoccupés par l’appel croissant du gouvernement de la RDC à la mission de se retirer après les élections prévues pour décembre. Comme nous l’avons dit à maintes reprises, la MONUSCO ne peut pas et ne devrait pas rester en RDC indéfiniment », a-t-il déclaré tout en soulignant qu’il y a un « large consensus sur le fait que le gouvernement de la RDC n’aura pas atteint les critères de référence qu’il a convenus comme conditions minimales pour le retrait de la MONUSCO d’ici la fin de 2023 ».
Les USA estiment qu’un « retrait précipité de la MONUSCO laisserait probablement un vide de sécurité que les autorités de l’État ne sont pas en mesure de combler, avec des effets dévastateurs sur les populations les plus vulnérables de la région ».
« Sans la MONUSCO, nous verrons probablement plus d’activités de la part de CODECO et de l’Etat islamique-RDC, deux groupes armés qui ont mené des massacres choquants et effrontés dans un camp et une école de personnes déplacées à l’intérieur du pays plus tôt ce mois-ci », a affirmé le représentant des USA à l’ONU.
Alors que la crise humanitaire s’aggrave également en raison de cette violence continue, qui a entraîné un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays, une escalade épouvantante de la violence sexiste y compris la violence sexuelle liée aux conflits et d’immenses souffrances humaines, Robert Wood est convaincu que pour faire face à une situation aussi pressante et urgente, la RDC et la région des Grands Lacs ont besoin d’une volonté politique, d’un engagement dans le dialogue et d’une volonté de prendre des décisions difficiles et de poursuivre les réformes indispensables. « Ils ont également besoin de MONUSCO », a-t-il expliqué avant de saluer les mesures importantes prises par le gouvernement de la RDC afin de parvenir à une paix durable.
« Nous nous engageons à faire en sorte que la MONUSCO puisse remplir son mandat de protection des civils et aider le gouvernement de la RDC à renforcer les principales institutions de gouvernance, de justice et de sécurité. Pour que la mission réussisse, elle mérite le soutien de ce Conseil et celui du gouvernement de la RDC. Le peuple de la RDC mérite la paix. Les États-Unis les accompagnent dans leur quête d’un avenir meilleur », a-t-il soutenu.
Dans cette perspective, les USA ont félicité le rapport du gouvernement au Conseil de sécurité sur la gestion des armes et des munitions, lequel fournira un aperçu précieux des capacités du gouvernement et permettra à la communauté internationale d’aider à la prévention du trafic et du détournement d’armes légères.
Préoccupation sur la légalisation du Corps de réserve de l’armée de la RDC
Dans la suite de son intervention, le diplomate américain a indiqué que les États-Unis sont également préoccupés par la législation du Corps de réserve de l’armée de la RDC. A l’en croire, cette loi pourrait permettre aux membres des groupes armés de faire partie des FARDC et d’entraver les efforts du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS).
« Nous exhortons la RDC à veiller à ce que le corps de réserve soit soigneusement contrôlé et soumis au programme de démobilisation, de désarmement, de rétablissement communautaire et de stabilisation. Nous appelons également le gouvernement à en assumer la responsabilité », a-t-il martelé.
Le gouvernement de la République démocratique du Congo a adopté le 03 mars dernier, le Projet d’Ordonnance-Loi instituant la Réserve Armée de la Défense en République Démocratique du Congo.
Conforme aux dispositions de l’article 129 de la Constitution, cette structure des citoyens Congolais dénommée « Réservistes » a pour mission de soutenir et ou d’appuyer les Forces Armées de la République Démocratique du Congo [FARDC]. Concrètement, en instituant cette structure, le gouvernement a, sur base de certains critères préalablement établis, opté de recourir à l’expérience et savoir-faire des militaires de carrière retraités et des différents services de sécurité, des démobilisés du service militaire obligatoire, des démobilisés du service militaire contractuel, des volontaires civils ayant suivi une formation et un encadrement militaire ad hoc.
Le Projet d’Ordonnance-Loi instituant la réserve armée de la défense est un texte qui définit aussi les conditions d’admission et de la perte de qualité de Réservistes, organise la structure et lui assigne des attributions et fixe la rémunération et détermine le régime disciplinaire et juridique.