Le Chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi et son gouvernement prennent à bras-le-corps la situation sécuritaire qui n’a fait que trop duré dans l’Est du pays avec l’activisme de plus de 250 groupes armés locaux et d’au moins 15 étrangers ainsi que des agressions à répétition des pays voisins.
A la guerre comme à la guerre, le pouvoir entreprend depuis son accession des actions diplomatiques avec les pays voisins qui joueraient un rôle important dans la déstabilisation de la région, mais aussi et surtout des négociations avec les groupes armés locaux, notamment à travers le processus de Nairobi, afin de les intégrer dans le programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS).
Dans cette quête incessante de la restauration de la paix et de l’autorité de l’Etat, une promesse de campagne de l’actuel Chef de l’État à la population de la partie orientale du pays qui dénombre plus d’un million de morts, le gouvernement avait fait appel à la force militaire de la Communauté de l’Afrique de l’Est dans un contexte d’exhumation du M23, appuyé par le Rwanda.
Cependant, plusieurs mois après, le bilan de cette force est d’autant plus mitigé au point de susciter le mécontentement de Kinshasa. A la déception d’un manque d’engagement des troupes de l’EAC sur terrain, Kinshasa soupçonne même une cohabitation avec les terroristes du M23 qu’elles sont censées combattre.
En dépit des rixes, le gouvernement de la République démocratique du Congo a renouvelé sa confiance en cette force régionale en étendant son mandat à septembre prochain.
Cette image de la vraie-fausse attente entre la RDC et la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est a été sournoisement réitérée par le Président Tshisekedi, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa en visite éclair à Kinshasa.
« J’avais critiqué la force régionale de l’EAC et non pas rejeté la force Est africaine. J’avais critiqué son comportement vis-à-vis justement de ces accords dont je viens de parler, qui sont clairs. Le Sofa est très clair, avec des dates précises et des modalités même de retrait et de faisabilité, de mise en œuvre de cet accord », avait expliqué Félix Tshisekedi afin de dissiper tout malentendu sur ses propos sur l’EAC.
Le président congolais dénonçait également le fait que « les contingents de la force de l’EAC n’ont pas observé cela. Nous avions remarqué que dans les localités où les contingents Ougandais et Kenya principalement ont été déployés, il y avait comme une connivence avec les rebelles. Ils leur permettaient de lever des taxes et de se comporter comme en terrain conquis, ce que le Burundi ne faisait pas ».
Il a néanmoins précisé qu’après son réquisitoire et ses critiques, des discussions « franches » ont eu lieu depuis lors avec l’EAC.
« Nous avions juste fait remarquer cela et depuis lors, nous avions eu des discussions franches et nous nous sommes dit les choses, d’autres modalités ont été arrêtées et nous avons maintenant d’autres dispositions. Nous verrons d’ici septembre si tout cela se concrétisera. À partir de là, nous redéfinirons les choses en fonction de la manière dont elles se seront déroulées », avait précisé le Chef de l’État.
Déploiement des troupes de la SADC
Profitant de cette relation en dents de scie avec la Communauté de l’Afrique de l’Est, Kinshasa s’est tourné vers la SADC qui a déjà fait ses preuves en RDC.
Ce mardi 11 juillet, Félix Tshisekedi a pris dans cette perspective, au sommet extraordinaire de la troïka des Chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Cette réunion a abordé la question pendante des modalités de déploiement des troupes de la SADC dans l’Est de la République Démocratique du Congo dans la suite des échanges qui ont déjà eu lieu lors des précédentes réunions de la troïka.
Nous n’avons pas demandé l’aide de la SADC
Kinshasa explique que cette future intervention de la force de la SADC est conforme au devoir d’assistance de cette organisation sous-régionale en faveur de ses membres qui subissent des problèmes sécuritaires.
« Nous n’avons pas demandé l’aide de la SADC. Au sein de la SADC, il y a un devoir de solidarité. Donc, nous n’avons même pas besoin de demander cette aide. Elle va de soi. Au sein de la SADC, lorsqu’un membre est attaqué, les autres ont le devoir de solidarité et c’est ce que la SADC a exprimé en m’invitant à cette rencontre de la troïka, le mécanisme paix et sécurité de la SADC pour que j’explique la situation de la RDC », avait affirmé Félix Tshisekedi, lors de la conférence de presse tenue à l’issue de son tête-à-tête avec son homologue Sud-africain Cyril Ramaphosa.
« La SADC a exprimé son désir de venir aussi en RDC, parce qu’obligée par notre charte. Et depuis lors, il est question maintenant de mettre cela en œuvre. Mais, il y a la force Est africaine qui est là, il faut d’abord observer comment est-ce qu’elle va se comporter et la force de la SADC reste en attente et toujours à la disposition de la RDC pour intervenir à tout moment », a-t-il ajouté en précisant que depuis la semaine dernière à Luanda, il a été convenu, devant l’Union africaine et les représentants des autres communautés régionales, de donner à la RDC la coordination de toutes ces décisions, le management de toute cette crise.
« Ça voudrait dire donc que c’est à la RDC de décider et d’adresser formellement son quitus à la SADC pour qu’elle déploie enfin ces contingents ici. Nous sommes avec l’Eastern African force et nous voyons comment le désengagement de ces forces terroristes soutenues par le Rwanda va s’effectuer. Jusqu’en septembre, nous n’avons donc aucun commentaire à faire sur cela et nous aviserons d’ici là », renseignait il.
La cohabitation entre les troupes de l’EAC et de la SADC, un autre casse-tête
Quoi que les relations avec la Communauté de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est ne sont pas beau fixe, Kinshasa qui s’est d’ores et déjà penché sur les exploits du passé de la SADC dans cette région de l’Est écumée par les groupes armés, le divorce n’est visiblement pas envisagé après le 8 septembre.
Toutefois, le gouvernement étudierait les possibilités d’accueillir les troupes de la SADC en plus de celles de l’EAC pour appuyer les FARDC.