Plus d’une semaine après l’assassinat de l’ex-ministre congolais des Transports et porte-parole du parti Ensemble pour la République, Chérubin Okende Senga, le gouvernement et l’opposition continuent de se renvoyer mutuellement la balle des accusations.
Dans une mise au point publiée jeudi 20 juillet, le parti Ensemble pour la République de l’opposant Moïse Katumbi Chapwe, s’est indigné de constater que certains membres du gouvernement principalement le ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima ont dressé des « parallélismes douteux » avec l’assassinat en 2001 de l’ancien Chef de l’État, Laurent Désiré Kabila.
« Le porte-parole du gouvernement, le ministre Patrick Muyaya, s’autorise même d’interdire à l’opinion que l’on fasse le parallèle avec l’assassinat de Floribert Chebeya. Pourtant les similitudes sont flagrantes dans ce cas : invitation au siège d’une institution publique, pour l’un à la Police, pour l’autre à la Cour constitutionnelle, puis disparition et corps retrouvés dans un véhicule, mises en scène douteuses, avec des traces incontestables d’assassinats », a nettement signifié ce document signé et présenté par le secrétaire générale du parti, Dieudonné Bolengetenge Balea.
Le parti Ensemble pour la République a affirmé qu’il est « indécent et inacceptable » d’agir avec autant de désinvolture dans un cas aussi grave que celui de l’assassinat d’un compatriote.
Pour les proches de Moïse Katumbi, il s’agit ici de rechercher la manifestation de la vérité pour retrouver des assassins et leurs commanditaires et non de déployer une communication « cosmétique pour désorienter l’opinion et couvrir » les assassins.
« On s’interroge pourquoi une telle agitation. Les gens n’ont-ils pas leur conscience tranquille ? Veut-on servir à l’opinion une version éloignée de la vérité ? Pour protéger qui ? », a ajouté la mise au point d’Ensemble pour la République.
Le Procureur Mvonde pointé du doigt
Dans sa communication, le parti Ensemble pour la République, a également chargé l’actuel Procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, de livrer à l’opinion publique « de façon tendancieuse » les éléments de ses premières investigations.
« Il est tout à fait troublant que le maître de l’action publique en personne, ici le Procureur Général près la Cour de cassation, annonce une conclusion selon laquelle l’honorable Chérubin est mort par balles, sans autopsie et sans enquête sérieuse. Comment peut-on violer de manière aussi éhontée le sacro-saint principe du secret de l’instruction ? », a rétorqué la même source.
En outre, Dieudonné Bolengetenge a appelé à s’abstenir des propos susceptibles de « désorienter les enquêtes », car cela équivaut selon lui, à du pain bénit pour « les auteurs de cet assassinat à s’en tirer à bon compte au détriment des innocents ».
Bien qu’épinglé dans la communication d’Ensemble pour la République, le Procureur Firmin Mvonde Mambu s’était rétracté 24 heures plus tôt en nuançant ses propos tenus il y a six jours après la découverte du corps criblé de balles, du porte-parole du parti Ensemble de Moïse Katumbi, dans sa jeep abandonnée sur l’avenue Poids lourds à Kinshasa.
« Si vous avez tout le film de ce que j’ai dit, je n’ai jamais été affirmatif. J’avais dit et je le redis aujourd’hui : Monsieur Chérubin Okende avait été tué dans son véhicule, le moteur encore en marche, la climatisation allumée, la ceinture de sécurité en place sur son corps, avec une arme à côté de lui, donc du siège du chauffeur, avec une balle qui lui avait traversé la tête. Je parlais au conditionnel, probablement », expliquait-il, tout en affirmant que la police scientifique a confirmé la thèse selon laquelle, « la balle qui a été tirée est bel et bien partie de l’arme trouvée à côté du corps de Chérubin Okende ».
Le procureur général près la Cour de cassation avait par ailleurs précisé que « seule l’autopsie devra déterminer si la mort est venue par balle ou non ». Il a également souligné le fait que celle-ci est « cruciale » et ses résultats sont attendus pour donner l’éclairage et la certitude sur certaines zones d’ombre de l’enquête.