L’opposant Jean-Marc Kabund était face aux juges ce lundi 7 août à Kinshasa, dans le cadre de l’affaire qui l’oppose au ministère public notamment pour outrage au Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. A l’occasion, Kabund s’est affiché plus détendu et serein. Chemise blanche, cravate jaune, coiffé de son « moniere » de prédilection, c’est un Kabund qui paraît bien dans sa peau.
Devant les juges, l’ex tout puissant secrétaire général et président intérimaire de l’UDPS, le parti présidentiel, est resté dans ses gardes.
« Je me suis exprimé comme un candidat président de la République, je me suis exprimé comme président d’un parti politique de l’opposition, je me suis exprimé comme un député national. Ce que j’ai dit contre lui, son père, le feu Étienne Tshisekedi l’a dit contre Mobutu, il l’a dit contre Kabila, lui-même a dit un jour que Mobutu était fou parce qu’on avait empêché le feu docteur Étienne Tshisekedi d’embarquer. Maman Marthe n’a jamais été arrêtée par Mobutu… Mobutu ne l’avait pas arrêté…, l’actuelle première dame n’a jamais été arrêtée par Kabila, mais moi mon épouse été arrêtée et condamnée pour des faits que moi j’ai commis. Kabila n’avait jamais arrêté ma femme », a pesté Jean-Marc Kabund pour qui l’actuel président congolais doit absolument partir en décembre 2023, date prévue pour les élections.
Président national du parti politique Alliance pour le Changement (A.Ch), l’opposant Jean-Marc Kabund a déclaré que « la RDC court un danger » estimant qu’avec Félix Tshisekedi, « tout est fait vaille que vaille »
« Je demande au peuple de tout mettre en œuvre pour que monsieur Tshisekedi soit mis de côté aux prochaines élections parce que je considère que le pays court un danger avec lui à la tête. Le danger c’est la misère du peuple, c’est l’insécurité à l’Est du pays et à Kinshasa, le banditisme urbain, les enlèvements. Le danger c’est l’absence totale d’un programme de société cohérent, l’absence d’un programme clair au sommet de l’Etat. Tout est fait vaille que vaille. C’est un essai-erreur. Je considère que parce que le pays court un danger, j’appelle le peuple à ne plus voter pour Tshisekedi et à tout mettre en œuvre pour que celui-là ne soit pas à la tête du pays. Je suis en droit de le dire et je le répéterai chaque fois que j’aurai la parole », a-t-il argué d’un ton ferme.
Le candidat déclaré à la présidentielle de décembre est reproché d’avoir outragé le gouvernement, le Parlement, offensé le Chef de l’Etat et répandu les faux bruits lors de son point de presse animé le 18 juillet 2022 à sa résidence à Kingabwa.
Dans les libellés des préventions, le parquet général près la Cour de Cassation avait retenu 11 chefs d’accusation contre cet ancien patron du parti au pouvoir (UDPS) et membre influent de l’Union sacrée de la nation, famille politique du président de la République, Félix Tshisekedi.
Les griefs reprochés à Kabund
Le parquet général près la Cour de Cassation résume les charges retenues contre Kabund en propos tenus lors de sa conférence de presse en juillet 2022 ainsi qu’au cours d’une interview accordée à RFI. Il s’agit notamment :
- « Le processus de la décentralisation est battu en brèche par le pouvoir en y institutionnalisant un clientélisme et une corruption à grande échelle »;
- « L’appareil de l’Etat est devenu de plus en plus un club d’amis où les apprentis sorciers de tous bords exercent leur premier stage au sommet de l’Etat »;
- « Le Parlement de la République est désacralisé et devient le lieu à travers lequel le peuple assiste, contre sa volonté, à des séances de règlement des comptes, le traitement des sujets sans pertinence aucune et celles des théâtres des clowns politiques »;
- « Le gouvernement a abandonné sa mission principale. Le peuple est désormais face aux dirigeants irresponsables »;
- « Les caisses de l’Etat saignent jour et nuit ».
Le parquet général près la Cour de Cassation avait précisé que ces propos qualifiés d’outrage contre le gouvernement et le Parlement de la république sont prévus et punis par les articles 137 et 136 primo du CPLII.
En sus, le parquet général près la Cour de Cassation avait retenu dans les propos de l’opposant et président national du parti Alliance pour le Changement (A.Ch), des offenses envers le Chef de l’Etat par l’usage des termes dits « inappropriés ». Il s’agit des propos ci-après :
- « L’absence d’une vision claire et d’un leadership convaincant dans le chef du Président Félix Tshisekedi, l’incompétence notoire et la mégestion, institutionnalisée caractérisée par l’insouciance, l’irresponsabilité, la jouissance et la prédation au sommet de l’Etat »;
- « Il est clair que Félix Tshisekedi est un danger au sommet de l’Etat »;
- « Les promesses irréalisables sont considérées comme mode de gestion, le mensonge, la manipulation, le détournement des deniers publics et la corruption comme mode d’exécution des projets ».
Par ailleurs, son épouse avait été condamnée en octobre de la même année à 6 mois de prison ferme pour « injures et imputations dommageables » contre le vice gouverneur de Kinshasa, Gecoco Mulumba et une amende de 5000 mille USD.