Alors qu’au niveau national les voix s’élèvent pour dénoncer son « inefficacité » et exiger son retrait « immédiat », la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO) demeure « sereine » et continue de suivre « attentivement » la situation sécuritaire en République démocratique du Congo.
Dans une communication rendue publique par la MONUSCO dans la soirée de ce lundi 11 septembre, le lieutenant-colonel Mutunga, porte-parole intérimaire de la Force onusienne, a révélé que leurs troupes continuent de travailler en étroite collaboration avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sur la base du système d’alertes communautaires, et ensemble, ils ont réussi à déjouer plusieurs attaques armées dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, « grâce à la vigilance des civils ».
« La Force [ndlr. la MONUSCO] continue de travailler avec les FARDC pour arriver à bout de l’insécurité. Nous intensifions nos actions sur le terrain pour protéger les civils », a-t-il déclaré.
Étayant ses propos, le lieutenant-colonel Mutunga a expliqué que la Mission onusienne a déjoué plusieurs plans de déstabilisation orchestrés par des groupes armés. A titre d’exemple, il a mis en avant le fait que le 02 septembre courant, vers 21 heures, la MONUSCO a été alertée sur le mouvement de six personnes armées vers la localité de Bru, en allant vers Shubat. « Nos troupes du contingent bangladais s’y sont rendues en appui aux FARDC », a-t-il renchéri.
Selon lui, la même chose s’est également produite en date du 03 septembre dernier où, les FARDC et la MONUSCO ont été cette fois-ci alertées sur un complot de la CODECO qui se préparait à attaquer leurs positions situées vers le marché de Lendu, Bulukwa et Bulukwambi.
A cet effet, les Forces onusiennes se trouvant à Roho et Drodro ont envoyé une équipe m patrouiller cette zone toute la nuit notamment à Bulukwa, le marché de Lendu, Okapi, Langu, Masumbuku et le camp des déplacés de Che, juste avant de partager ces informations avec le comité d’alerte.
La guerre ouverte entre le gouvernement et la MONUSCO
Depuis quelques mois, les violons ne s’accordent presque plus entre le gouvernement congolais et la MONUSCO, installée sur le sol congolais depuis plus de deux décennies. L’intensification des actions menées par la République démocratique du Congo afin d’obtenir le retrait « anticipé » de la MONUSCO sur son sol, ne semble pas rencontrer l’assentiment de cette dernière.
En début de ce mois de septembre, Christophe Lutundula, ministre congolais des Affaires étrangères a saisissi le président du Conseil de sécurité des Nations Unies pour réitérer l’option levée par le gouvernement d’accélérer et d’avancer à la fin de 2023, le retrait échelonné, responsable et durable de la MONUSCO, par le Conseil dans sa résolution du 27 mars 2018 et dont le plan de transition élaboré a été adopté dans sa résolution du 20 décembre 2021.
Une demande à laquelle la MONUSCO, via son directeur des affaires politiques, François Grignon a qualifié « d’opportune », renvoyant à une forme de « précipitation » qui créerait un vide sécuritaire après le départ « anticipé » de la Force onusienne.
« Cette communication à la présidence du Conseil de sécurité est opportune et dans la lignée des échanges et de la publication du rapport du Secrétaire général. Elle prépare l’Assemblée générale des Nations unies, qui aura lieu à la fin du mois de septembre et la prochaine consultation du Conseil de sécurité qui aura lieu le 28 septembre », avait-il lancé.
En réaction, le ministère congolais des Affaires étrangères avait, dans une communication faite le 07 septembre et consultée par POLITICO.CD, expliqué que les allégations de François Grignon allait « en l’encontre » de celles du Secrétaire général de l’ONU, qui a reconnu d’une part que « la MONUSCO n’est pas capable d’affronter les groupes armés, le M23 particulièrement » et a également constaté que « la situation sécuritaire et humanitaire ne fait que se détériorer chaque jour d’avantage dans l’Est du pays ».
« Il serait criminel et contre-productif de continuer à s’accrocher au maintien de cette Mission onusienne […] Certes, le retrait ne doit pas être précipité, mais ne doit pas non plus être retardé, ni gêné par des atermoiements ou faux-fuyants », ont indiqué des sources du ministère des Affaires étrangères.