Le gouvernement de la République démocratique du Congo est plus que jamais déterminé à prendre son destin en main.
Alors que la situation sécuritaire demeure délétère dans les provinces du Kivu comme il y a de cela 10 ans, Kinshasa presse pour obtenir le retrait de la Mission de l’organisation des Nations Unies présente sur son territoire depuis plus de 20 ans.
Les autorités congolaises qui accusent la Mission de l’ONU d’inefficacité reconnaît tout de même qu’il serait manquer de sagacité et contraire à la vérité que de considérer le retrait de la Monusco comme « une fin en soi et une panacée à l’insécurité ainsi qu’aux violences récurrentes à l’Est de la RDC et dans la Région des Grands Lacs ».
Au contraire, la RDC est convaincue que ce retrait participe à la facilitation et aux efforts de déblocage d’un processus de paix « très laborieux et fort complexe » délibérément bloqué par le Rwanda et ses supplétifs du M23 qui continuent à narguer la communauté des Nations.
« Ce pays voisin et ce groupe armé terroriste ont transformé le Nord-Kivu en une poudrière qui n’attend qu’une étincelle pour embraser de nouveau cette province martyr depuis deux décennies et demie. Comme en témoigne l’évaluation du Secrétaire Général de l’O.N.U dans son récent rapport du 02 août 2023 sur les 12 derniers mois (2022-2023), la situation sécuritaire et humanitaire à l’Est demeure catastrophique. Au niveau international, ce constat interpelle sans doute au premier chef le Conseil de sécurité, organe central de l’ONU en matière de paix et de sécurité internationales. C’est pourquoi, la RDC appelle le Conseil à sortir de sa torpeur pour assumer ses responsabilités statutaires », a argué le ministre congolais des Affaires étrangères, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
Aussi, Christophe Lutundula a accusé l’ONU de faire fi de la proposition du gouvernement en ce qui concerne le réajustement du mandat de la Monusco.
« Cependant, dans sa résolution 2666(2022) du 20 décembre 2022, le Conseil de sécurité n’a tenu compte ni des préoccupations et propositions du Gouvernement de la RDC ni des conseils judicieux du Secrétaire Général. Il a renouvelé le mandat de la Monusco sans aucun ajustement, comme si de rien n’était. A l’évidence, cette attitude figée du Conseil de sécurité, fermant les yeux sur les réalités du terrain, faisant fi des revendications légitimes des Congolais et rechignant de requalifier le statut de la Monusco, n’a pas donné à la dynamique de la paix à l’Est de la RDC une impulsion nouvelle. Bien au contraire, comme on pouvait s’y attendre, l’hostilité de la population contre la Monusco au Nord-Kivu s’est accrue, plaçant son personnel dans la psychose de l’insécurité et provoquant les incidents violents du 30 août dernier à Goma avec la mort de 42 Congolais, après ceux de juin-juillet 2022 à Goma, Béni, Butembo et Kasindi au cours desquels 30 Congolais et 5 casques bleus ont perdu la vie », a expliqué Lutundula qui a toutefois réitéré la détermination du gouvernement congolais de ne pas rompre avec l’ONU ni avec les autres partenaires bilatéraux et multilatéraux désireux d’appuyer les efforts internes.
Kinshasa estime « illusoire et contreproductif » de compter sur la Monusco
Devant l’ONU, le Président Tshisekedi avait affirmé que l’accélération du retrait de la MONUSCO est devenue une nécessité « impérieuse » pour apaiser les tensions entre la mission de l’ONU et la population congolaise.
Il a aussi souligné l’importance pour la RDC d’explorer de nouveaux mécanismes de collaboration stratégique avec les Nations Unies, qui tiennent mieux compte des réalités actuelles du pays.
En conséquence, le Président congolais a annoncé avoir instruit le gouvernement de la République de lancer des discussions avec les autorités onusiennes en vue d’un retrait accéléré de la Monusco en ramenant le début du retrait progressif de décembre 2024 à décembre 2023.