La région de Beni, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), est toujours le théâtre d’une violence effrénée orchestrée par les rebelles affiliés à l’État islamique, les Forces Démocratiques Alliées (ADF). En moins de trois mois, la société civile déplore plus de 180 victimes, un bilan sanglant qui souligne l’impuissance de l’armée congolaise face à cette menace croissante.
La violence a encore frappé ce samedi, lors d’une double attaque meurtrière autour de la ville de Beni, faisant au moins onze victimes. Les informations rapportées par les sources administratives locales font état d’un assaut brutal dans la nuit de samedi à dimanche, particulièrement à Matembo, à l’entrée nord de Beni. Augustin Kapupa, un responsable administratif local, attribue cette horreur aux ADF, confirmant la perte de six civils dans cette première attaque.
La terreur s’est ensuite propagée à Sayo, où Antoine Kambale, un chef de quartier, déclare que cinq personnes ont succombé au passage des rebelles. Ces attaques, revendiquées par l’organisation État islamique qui considère les ADF comme sa branche en Afrique centrale, exposent une réalité terrifiante pour les habitants de la région.
Makofi Bukuku, un notable du territoire de Beni, exprime son incompréhension et sa colère face à l’absence de sécurité malgré la présence de l’armée congolaise (FARDC), des militaires ougandais de l’UPDF déployés en renfort depuis 2021, et des casques bleus de la Monusco. « Nous ne comprenons pas pourquoi la sécurité n’est pas garantie dans notre zone… Depuis le début de l’année, nous ne faisons qu’enregistrer des morts et des enlèvements, » déplore-t-il, soulignant l’ampleur du drame avec plus de 180 victimes en moins de trois mois.
Cette série d’attaques et l’incapacité apparente des forces armées à protéger les civils ont suscité une vague d’indignation parmi les leaders de la société civile. Germain Kathemika, un responsable à Matembo, condamne fermement ces incursions et appelle l’armée congolaise à intensifier ses efforts pour combattre ces « ennemis de la paix ». « Depuis plus de trois semaines, la population alerte les autorités sur la présence ennemie dans la zone. Mais, jusque-là, il n’y a eu aucune intervention, » affirme-t-il, témoignant d’un sentiment d’abandon face à la menace.
Les ADF, présents dans l’est de la RDC depuis le milieu des années 1990, ont été responsables de la mort de milliers de civils. Malgré le lancement de l’opération militaire conjointe « Shujaa » par les armées ougandaise et congolaise à la fin de 2021, leurs exactions continuent, plongeant la région dans un cycle de violence sans fin. Cette situation alarmante soulève des questions cruciales sur la stratégie et l’efficacité des interventions militaires dans la région, ainsi que sur la nécessité urgente de renforcer les mesures de protection des populations civiles.
Avec AFP.