Kinshasa a été secouée par une tentative de coup d’État audacieuse impliquant des assaillants armés qui ont attaqué la résidence de Vital Kamerhe et pénétré brièvement au Palais de la Nation. Un témoignage exclusif recueilli par POLITICO.CD, ainsi que des informations de sources diplomatiques et historiques, révèlent une trame complexe autour de Christian Malanga, un homme de 41 ans, ancien officier militaire américain d’origine congolaise, natif de la province du Kwilu.
Christian Malanga n’est pas un inconnu pour les autorités congolaises. Son nom avait déjà émergé dans une tentative d’assassinat présumée visant l’ancien président Joseph Kabila. Selon les notes de Dino Mahtani, un ancien officier politique des Nations Unies à Kinshasa, le général Delphin Kahimbi, ex-chef du renseignement militaire de Kabila aujourd’hui décédé, traquait Malanga depuis janvier 2018. Kahimbi décrivait Malanga comme un ancien officier militaire américain de retour en RDC.
En 2018, le général Kahimbi avait arrêté des conspirateurs congolais à Kinshasa qui travaillaient pour Malanga. Ce dernier aurait circulé à Kinshasa dans un véhicule des Nations Unies déclassé et avait échappé de peu à une arrestation. Kahimbi affirmait également que l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, aurait payé 750 000 dollars à Malanga pour éliminer Kabila, bien qu’aucune preuve n’ait été présentée à l’époque, comme le rapporte notamment Dino Mahtani, refusant toutefois de nommer l’ancien gouverneur.
Malanga était aussi associé à John Tshibangu, un ancien rebelle arrêté en janvier 2018 en Tanzanie grâce aux efforts de Kahimbi. Tshibangu, impliqué dans diverses rébellions soutenues par les voisins orientaux du Congo entre 1998 et 2003, avait rejoint l’armée de Kabila avant de faire défection en 2010 et de se rapprocher des rebelles du M23. Après le départ de Kabila, le président Tshisekedi avait libéré Tshibangu et l’avait nommé commandant de l’armée.
« Les assaillants arboraient le drapeau du Zaïre, symbole de l’ère Mobutu. En 2018, Kahimbi avait mentionné que Malanga et Tshibangu s’associaient avec d’anciens membres de l’armée de Mobutu originaires de la région de l’Équateur, cherchant à renverser Kabila. Cette connexion avec l’ancien régime ajoute une dimension historique à la tentative de coup d’État« , explique Dino Mahtani.
Un agent des Forces de sécurité ayant requis l’anonymat a décrit à POLITICO.CD les événements survenus au Palais de la Nation. Vers 4h20, plusieurs véhicules, dont une jeep de la police, ont forcé les barrières du palais. Pris de panique, les gardes en poste ont fui vers l’hôtel Pullman.
Les renforts sont arrivés plus tard et ont délogé les assaillants après une confrontation violente. Le chef du commando, Christian Malanga, a été abattu par une balle dans le ventre, et ses hommes ont tenté de fuir vers le fleuve avant d’être neutralisés.
Lire aussi: Tentative de Coup d’État à Kinshasa : le témoignage exclusif d’un agent des Forces de sécurité
L’ambassadrice des États-Unis en RDC, Lucy Tamlyn, a réagi en exprimant son choc face aux événements et sa préoccupation quant à l’implication présumée de citoyens américains. Elle a assuré que son pays coopérera pleinement avec les autorités congolaises pour enquêter sur ces actes criminels.
La tentative de coup d’État et les liens de Malanga avec des figures controversées soulèvent des questions sur les motivations et les commanditaires de cette opération. La situation reste volatile, et les autorités congolaises poursuivent leurs investigations pour démanteler tout réseau complice.