La coalition soutenant Martin Fayulu fait savoir entre les lignes qu’elle appelle désormais ses partisans à voter avec la machine à voter qui doit seulement servir d’imprimante. Une position qui vient en fait suite à un changement à la CENI.
Vendredi 7 décembre à Bunia, dans l’Est de la République démocratique du Congo, l’opposant Martin Fayulu est porté en triomphe, comme lors de ces passages réussis à Butembo, Beni ou encore à Goma. Mais en prenant la parole, le candidat de LAMUKA insiste sur l’utilisation des « bulletins papiers » lors des élections du 23 décembre.
Comme Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe bien avant, Martin Fayulu, y compris Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi ou encore Freddy Matungulu et Adolphe Muzito qui le soutiennent, refusent de prendre part à des élections où ces machines seront utilisées, susceptibles de faciliter la fraude.
Mais les jours passent. Et la Commission électorale qui impose ces machines que la loi même rejettent, refuse de les retirer. Cependant, à Kinshasa, Corneille Nangaa va opérer un changement qui va tout faire basculer. Si la CENI a toujours mis en exergue l’utilité de ces machines et surtout le refus de les retirer sans avoir à reporter les élections, son président, Corneille Nangaa, a fait une sortie qui pourrait changer quelque peu la situation.
En effet, devant la presse étrangère le même vendredi 7 décembre, Corneille Nangaa annonce que les agents électoraux procéderont au dépouillement manuel de résultats, qui seront ensuite inscrits sur les procès verbaux, puis publiés. “Nous procéderons au dépouillement manuel des bulletins. Puis nous devrons transcrire les résultats comptés manuellement sur des procès verbaux. Ces résultats seront annoncés. Pas ceux des machines » a-t-il dit.
« Juste une imprimante »
Concrètement, l’électeur pourra utiliser la machine pour opérer son choix, qui sera ensuite imprimé sur un bulletin papier, avant que ce dernier ne soit déposé dans l’urne. Une procédure qui se rapproche, dans la réalité, à celle que veut le candidat de LAMUKA. Car les machines sont avant tout redoutées parce qu’elle pourrait en effet être falsifiée au niveau du comptage.
Chez LAMUKA, cette nouvelle change tout. Très rapidement, les cadres principaux captent le changement de Nangaa. « Nous ne voulons pas la destruction des machines« , affirme Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Moïse Katumbi dans une interview publiée aujourd’hui à Jeune Afrique. Il qui annonce par la même occasion que les opposants congolais de LAMUKA appelle leurs partisans à aller voter y compris avec les machines.
« Nous voulons que la comptabilité des résultats s’appuie sur les bulletins papiers déposés dans l’urne. Qu’ils sortent de l’imprimante ou qu’ils soient pré-imprimés, peu importe« , a-t-il enfoncé.
Selon ce bras droit de Moïse Katumbi, les machines peuvent encore servir. « Si elles servent seulement d’imprimante, conservons-les. Elles peuvent encore servir pour d’autres processus, voire à l’avenir, des votes électroniques, si les Assemblées légalisent cette pratique« , dit-il.
C’est donc clair, la CENI a fini par satisfaire LAMUKA. Reste maintenant le vote proprement dit. Car entre-temps, Kinshasa a perdu tout son matériel, à seulement 10 jours des élections. Une course contre la montre est engagée. Du côté de Martin Fayulu, on se prépare à faire face à la fraude.