« A trop vouloir frapper ses ennemis, on finit par donner des coups à ses amis« , disait un proverbe antique. En République démocratique du Congo, l’opposant Jean-Pierre Bemba a peut-être commis la même erreur le week-end dernier. Dans une interview à Jeune Afrique, l’ancien vice-président, croyant trop bien faire, s’est attaqué à Kabila, qualifier le processus électoral actuel de « parodie d’élection », tout en dénonçant son exclusion.
Cependant, Bemba est allé un peu loi, qualifiant les opposants qui sont encore en lice, d’avoir été « choisis » par Kabila. « En réalité, le régime de Kinshasa a choisi ses propres opposants, ceux qu’il veut voir affronter son candidat [Emmanuel Ramazani Shadary]. Il veut s’aménager une élection dont le résultat est connu d’avance et conserver la main sur l’ensemble des structures de ce pays« , a-t-il lancé à ce sujet.
Si Bemba dit peut-être la vérité, alors que ce processus a notamment connu l’exclusion de Moïse Katumbi, qui a été interdit de regagner le pays ou y déposer sa candidature, la sortie du président du Mouvement de Libération du Congo (MLC) a sonné faux du côté des opposants encore en lice. Des partisans de Vital Kamerhe ou encore ceux de Félix Tshisekedi ont estimé que cette sortie manque de respect aux autres opposants, qui sont pourtant dans une même dynamique que Bemba.
Par ailleurs, outre cette réponse, Jean-Pierre Bemba s’est également laissé aller dans une autre négation qui énerve au pays. En effet, ancien chef rebelle soutenu par l’Ouganda, l’homme affirme que le pays de Yoweri Museveni n’a pas pillé les ressources de la RDC. « Il n’y a pas eu de pillage du Congo par l’Ouganda. Je réfute cette idée« , a-t-il dit, provoquant une furie notamment sur les réseaux sociaux.
Le Rwanda et l’Ouganda ont en effet plusieurs fois été épinglés notamment par l’ONU pour le pillage des ressources de la RDC. En juin 2000, les deux pays se sont violemment affronter à Kisangani, à travers leurs rebelles dirigés entre autres Jean-Pierre Bemba, faisant plusieurs milliers de morts.
Il faudra également noter plusieurs points de cette interview qui sont largement dénoncés, alors que le leader du MLC, sorti miraculeusement de prison, avait suscité un espoir au pays.