À l’Union Nationale des Fédéralistes du Congo (UNAFEC) du feu Gabriel Kyungu wa Kumwanza, c’est l’imbroglio total. En effet, ce parti politique est secoué par des dissensions internes qui opposent deux fractions.
Acte 1: le nœud du problème
Tout a commencé avec la résolution du Président ad intérim de l’UNAFEC Jean Ladislas Umba Lungange, qui a exprimé sa volonté de se porter candidat au poste de Président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga. Dans cette démarche, il n’a pas bénéficié de l’accompagnement de ses collègues du présidium, qui par contre soutiennent un autre challenger.
Pris de colère, Jean Ladislas Lungange a décidé de radier trois hauts cadres du parti.
Le Président a.i de l’UNAFEC reproche aux membres mis en cause de s’être rendus coupables « soit d’usurpation de pouvoir, soit de prise de position contraire aux options fondamentales du parti et ce, de manière récurrente, portant ainsi atteinte au bon fonctionnement du parti pour son épanouissement ».
Ainsi, a-t-il décidé de mettre fin à une insubordination caractérisée envers le Président National qui seul, est habilité à assurer la direction du parti. Jean Ladislas Lungange a, par ces motifs, radié Mireille Masangu Bibi Muloko, Sakina Binti Selemani et Zazou Kabulo Nshimbi, respectivement première vice-présidente, deuxième vice-présidente, ainsi qu’Inspecteur national de la jeunesse.
Acte 2 : réponse du berger à la bergère
Cette décision du Président a.i, a provoqué une réaction en chaîne au sein de l’UNAFEC. Les deux Vice-Présidentes ont à leur tour pris la mesure de radiation de Jean Ladislas Umba Lungange. La décision de Mireille Masangu et Sakina Binti est continue dans une lettre adressée à ce dernier.
Pour les deux membres du présidium, le Président ad intérim de l’UNAFEC a brillé par une « opacité flagrante dans la gestion et plus grave encore, a trahi la mémoire du feu patriarche, en posant votre candidature pour le poste du Président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga en indépendant et cela, à l’encontre du mot d’ordre de notre regroupement, de l’Union Sacrée de la Nation dont nous sommes partie intégrante, fait qui constitue l’indiscipline au sein de notre Parti, entraînant ainsi votre radiation(…)»
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, en évoquant une jurisprudence d’usage, Mireille Masangu et Sakina Binti rappellent à Jean Ladislas Umba Lungange, qu’il est lui-même signataire de la décision ayant conduit à la radiation du Vice-président Juvénal Kitungwa, qui avait été exclu de l’UNAFEC pour les raisons similaires, s’étant présenté à une élection comme indépendant, sans l’aval du parti.
« Pour votre gouverne, en date du 17 février 2023 sur la décision No 016/PN/UNAFEC/2023 portant radiation du Premier Vice-Président National, Honorable Juvénal Kitungwa Lugoma au sein de l’Union Nationale des Fédéralistes du Congo, UNAFEC en sigle, dont vous êtes l’un des signataires, il lui a été reproché les mêmes faits», ont-elles rappelé.
Par conséquent, Jean Ladislas Umba Lungange est interdit d’engager le parti dans quelque circonstance que ce soit, ayant perdu la qualité non seulement de Président intérimaire, ainsi que de membre de l’UNAFEC.
L’UNAFEC en voie de disparition ?
Il est un constat devenu une triste réalité en RDC, que plusieurs partis politiques disparaissent peu de temps après la mort de leurs fondateurs. Aujourd’hui, cette tendance est en train de se confirmer avec l’Union Nationale des Fédéralistes du Congo (UNAFEC) de feu Gabriel Kyungu.
Depuis le décès de ce leader charismatique, l’UNAFEC a enregistré de nombreux départs de ses membres, dont les plus emblématiques Lawrence Kyungu Kibwe (fils biologique du défunt) et Juvénal Kitungwa (Ex bras droit), qui ont aujourd’hui leurs propres partis.
Ceux qui étaient restés au sein de l’UNAFEC ne semblent pas parler le même langage. Des divergences se dégagent sur la direction à prendre. Cette situation fragilise davantage le parti et met en péril son avenir.
Homme politique respecté et influent en RDC, Gabriel Kyungu a laissé un vide immense au sein de l’UNAFEC, créant depuis, un climat d’incertitude parmi ses membres. Sans son leadership, le parti semble être en perte de repères et peine à trouver un nouveau cap.
Cette situation n’est malheureusement pas unique en RDC. De nombreux partis politiques ont connu le même sort après la mort de leurs leaders. Cela soulève des questions sur la pérennité des partis politiques dans un pays où les personnalités politiques semblent jouer un rôle prépondérant.
Il est donc crucial pour les partis politiques en RDC de se préparer à l’avenir, en mettant en place des structures solides et en formant une relève capable de prendre le relais, en cas de disparition du leader. Sinon, le risque de voir ces partis politiques disparaître avec leurs leaders est bien réel.