La révision constitutionnelle promise par le Président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, continue de susciter des remous sur la scène socio-politique congolaise. Sur cette question, les acteurs politiques et ceux de la société civile divergent dans leurs points de vue. Certains estiment que cette révision pourrait sans doute favoriser Félix Tshisekedi en lui offrant un troisième mandat, tandis que d’autres constatent la faiblesse de la constitution actuelle sur certaines questions nationales.
À Kananga, un avocat au barreau près la Cour d’appel du Kasaï-Central estime que la constitution est revisitable, sauf pour certaines dispositions intangibles. Pour lui, ces dispositions constituent le « verrou » constitutionnel qu’on ne peut toucher. « Nous avons suivi comme tout le monde que le Président de la République a parlé d’une possibilité de réviser la Constitution du pays. À mon avis, je pense que toute constitution est révisable pour l’adapter aux réalités du moment. Pour notre constitution, elle peut être révisée sauf les dispositions intangibles, car ces dispositions constituent ce qu’on appelle le verrou constitutionnel qui ne peut pas être révisé. On ne veut pas de révisions pour se maintenir au pouvoir », a-t-il déclaré.
Pour la société civile, la constitution de la République démocratique du Congo doit être revisitée en raison de certaines faiblesses. Albert Ngalamulume, coordonnateur de la Nouvelle Société Civile Congolaise, ajoute cependant que cette révision doit être faite sans aucun intérêt individuel. « La Nouvelle Société Civile Congolaise du Kasaï-Central est favorable à la révision de la constitution. La révision de la constitution n’est pas une mauvaise chose, car elle permet d’évaluer et de voir ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, et de projeter une nouvelle marche. L’article 218, alinéa 1 prévoit d’ailleurs la procédure pour arriver à la révision de cette constitution. Étant donné que notre constitution a beaucoup de faiblesses, il est important qu’elle subisse une révision, mais cette révision doit être faite sans aucun intérêt individuel. Elle doit répondre aux problèmes sérieux du pays », a-t-il déclaré.
« Donc, nous sommes contre tout objectif politicien dans cette démarche. Mais il y a des articles qui sont verrouillés et qui ne peuvent pas subir une quelconque modification, notamment la disposition liée au nombre et à la durée du mandat du Président de la République », a-t-il poursuivi.
Dans la même optique, le coordonnateur de la structure Voix des Jeunes du Grand Kasaï soutient la révision constitutionnelle, mais craint que cette question ne soit toujours tournée vers des intérêts politiques.
« Les politiciens exploitent la constitution dans son aspect politique. Ils aiment parler de politique constitutionnelle, mais ils ne parlent pas de son aspect social. À partir de l’article 30 jusqu’à l’article 40, on parle des droits socio-économiques et culturels qui ne sont pas exploités. Prenez l’article 36, il est dit que le travail est un droit pour tout Congolais, est-ce que les Congolais travaillent ? Est-ce qu’ils utilisent ça ? Pour eux, il faut changer la constitution pour changer le mandat, pour modifier la nomination, pour avoir plein pouvoir politique »,.
a déclaré Emmanuel Kabangu
Pour rappel, devant la diaspora congolaise en France lors de sa visite officielle, le Président Félix Tshisekedi avait annoncé sa ferme volonté de procéder à la révision constitutionnelle.
Pierre Kabakila