À Beni, les opinions divergent. Certains estiment que la révision de la Constitution est prévue et garantie par l’article 218, tandis que d’autres pensent que l’intention du chef de l’État est teintée de mauvaise foi, visant à façonner la Constitution selon ses intérêts.
Fabrice Saambili, chercheur en droit constitutionnel, précise que la révision constitutionnelle est possible, mais doit respecter l’article 220, qui protège certaines matières intangibles, comme le nombre de mandats présidentiels et le principe du suffrage universel. « La révision constitutionnelle doit respecter l’article 220. Cependant, elle est inopportune pour le moment car le peuple attend des actions concrètes du chef de l’État dans sa nouvelle gouvernance », a déclaré Saambili.
Il insiste sur le fait que le peuple congolais a des besoins immédiats tels que la sécurité, la libération de Bunagana et la réduction des voyages du président. Selon lui, modifier la Constitution ne résoudra pas ces problèmes.
Maître Fabrice Mulwahali estime que l’initiative du chef de l’État est malintentionnée et vise à détourner l’attention de la population. « Nous pensons que c’est inopportun. Il y a une inadéquation entre ses discours et ses promesses, et on ne peut pas blâmer la Constitution pour les problèmes actuels du pays », a déclaré Mulwahali.
Il souligne que ce ne sont pas les textes qui manquent pour faire décoller le pays, mais plutôt la volonté politique.
Maître Philémon Ndambi Wa Ndambi soutient l’initiative du président, arguant que plusieurs articles de la Constitution doivent être révisés, notamment l’article 70 sur le scrutin à un tour. « Le président n’est pas de mauvaise foi. Plusieurs articles doivent être révisés, et même l’article 220 peut être modifié si la volonté du peuple le veut », a-t-il déclaré.
Le professeur Dady Saleh soutient l’idée de la révision constitutionnelle, mais sous certaines conditions. Pour lui, la Constitution actuelle de la RDC est un héritage des belligérants qui maintient le pays dans le gouffre. « La Constitution que nous avons est une continuité de celle des belligérants, en grande partie élaborée par des néocolonialistes. Un expert a révélé qu’il y a 30 articles piégeant la RDC », a-t-il révélé.
Cependant, il remet en question l’opportunité de la révision dans le contexte actuel. « Nous devons nous interroger si le président veut changer les articles clés ou s’il vise des objectifs personnels », a-t-il conclu.
Azarias Mokonzi