Le secteur des hydrocarbures en RDC est en proie à une désorganisation profonde. Malgré un potentiel énorme en ressources fossiles, la production pétrolière journalière varie entre 20 000 et 25 000 barils, contribuant à environ 500 millions de dollars au budget national. À titre de comparaison, les pays voisins comme la République du Congo et l’Angola produisent respectivement 350 000 barils et 2 millions de barils par jour. Le gouvernement a récemment lancé des appels d’offres pour exploiter 30 blocs pétroliers et gaziers. Si le pays produit actuellement 23 000 barils de pétrole par jour, il estime ses ressources à 22 milliards de barils de pétrole et 66 milliards de m³ de gaz dans le lac de Kivu.
Les projets d’exploitation suscitent de vives inquiétudes parmi les organisations de défense de l’environnement, qui craignent des conséquences catastrophiques sur les communautés riveraines et la biodiversité, notamment dans le Parc national des Virunga. Greenpeace Afrique, parmi d’autres, met en garde contre les risques environnementaux et sociaux de ces projets.
Molendo Sakombi, un très proche de Félix Tshisekedi
Le gouvernement congolais, tout en assurant que les zones protégées ne seront pas touchées, insiste sur la nécessité d’exploiter ces ressources pour développer le pays. Didier Budimbu, l’ancien ministre des Hydrocarbures, avait déclaré : « Nous avons intérêt à exploiter notre sous-sol maintenant. Au Congo, nous aimons l’environnement, mais nous devons quand même profiter de nos sous-sols. »
Molendo Sakombi, issu de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), est un proche du Président Tshisekedi et de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale. Cette proximité avec les plus hauts dirigeants du pays pourrait faciliter la mise en œuvre de réformes nécessaires pour revitaliser le secteur des hydrocarbures.
Avant sa nomination aux Hydrocarbures, Molendo Sakombi a laissé une empreinte significative en tant que ministre des Affaires foncières. À ce poste, il a entrepris une série de réformes pour améliorer la gouvernance foncière, lutter contre la corruption et moderniser les processus administratifs. Il a notamment mis fin au principe des « biens sans maîtres », instauré la bancarisation des paiements des transactions foncières et lancé un projet ambitieux de numérisation du cadastre congolais.
Durant son mandat aux Affaires foncières, Molendo Sakombi a travaillé sans relâche pour sortir le ministère de la torpeur. Il a introduit des réformes structurelles visant à sécuriser les propriétés immobilières, augmenter les recettes et moderniser le cadre légal. Parmi ses réalisations notables, on compte la réévaluation des taux des droits proportionnels relatifs aux opérations hypothécaires, la création de la Cellule de Traitement de dossiers à caractère commercial et l’homologation des écoles du Cadastre par le ministère de l’Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique.
Son engagement pour la transparence et la bonne gouvernance a permis de réduire significativement les conflits fonciers et de promouvoir la paix sociale. Le projet de numérisation du cadastre congolais, utilisant le système blockchain, a été une initiative phare destinée à moderniser l’administration foncière et à contribuer substantiellement au budget national.
Lors de son discours de départ du ministère des Affaires foncières, Molendo Sakombi a déclaré : « Ensemble, nous avons entrepris des réformes courageuses pour sortir le ministère des Affaires foncières de la torpeur dans laquelle nous l’avions trouvé, dépoussiérer les dossiers, capaciter et moraliser les cadres et agents, sécuriser les assujettis, maximiser les recettes et mettre sur pied un nouveau cadre légal susceptible de le propulser dans l’ère de la modernité. »
Réformer un secteur très malade et opaque
Cependant, Molendo Sakombi hérite également d’un secteur marqué par des pratiques opaques et des critiques sévères concernant la gestion de l’ancien ministre des Hydrocarbures. Le cas de Perenco, une entreprise franco-britannique opérant à Muanda, illustre les problèmes de gouvernance et les impacts négatifs de l’exploitation pétrolière sur les populations locales.
Un rapport du CCFD-Terre Solidaire dresse un tableau accablant de la situation à Muanda, qualifiée de « cité pétrolière la plus pauvre du monde ». Selon ce rapport, l’exploitation pétrolière par Perenco entraîne des pollutions, des dégradations environnementales et des bouleversements sociaux sans apporter de bénéfices significatifs aux populations locales. Les accusations de violations des droits humains, de malnutrition et de manque d’infrastructures de base sont courantes. Le taux de chômage officiel y est de 95%.
La gestion opaque de Perenco, qui refuse de communiquer des informations précises sur le nombre de puits forés ou sur les incidents de pollution, complique encore la situation. Les résidents se plaignent depuis des années de la dégradation des milieux naturels, mais leurs préoccupations sont rarement prises en compte. L’administration locale n’a pas les moyens d’effectuer un suivi environnemental et sanitaire efficace, laissant les populations locales à la merci des impacts négatifs de l’exploitation pétrolière.
À son arrivée au ministère des Hydrocarbures, Molendo Sakombi a exprimé une ambition claire : faire de ce secteur un moteur de croissance économique et de développement pour la RDC. Lors de son discours de prise de fonctions, il a souligné l’importance de développer les ressources fossiles du pays autour de contrats de partage de production et de concessions productrices, tout en respectant les contraintes environnementales.
Molendo Sakombi a également insisté sur la nécessité d’une exploitation responsable des ressources, visant à améliorer les conditions sociales de la population. Il a promis de renforcer les mesures d’application de la loi portant régime général des hydrocarbures, de simplifier les procédures administratives et de promouvoir la bonne gouvernance. « Nous avons le devoir d’exploiter ces ressources de manière responsable et planifiée, pour qu’elles profitent à l’amélioration des conditions sociales de la population », a-t-il déclaré lors de sa prise de fonction. « Je vais également porter un regard pointu sur la protection de l’environnement et la promotion du développement durable, car l’exploitation des hydrocarbures doit se faire dans le respect des normes environnementales, et sans impact négatif sur les communautés locales. »
Pour atteindre ses objectifs, Molendo Sakombi compte s’appuyer sur une main-d’œuvre hautement qualifiée et expérimentée, tout en mettant en œuvre un nouveau cadre organique au sein du ministère. Il envisage de créer un comité permanent pour asseoir les réformes nécessaires et veiller au respect des normes environnementales et sociales.
Le défi est immense, mais Molendo Sakombi semble prêt à relever cette mission ardue. Son parcours aux Affaires foncières témoigne de sa capacité à mener des réformes audacieuses et à obtenir des résultats concrets. En tant que ministre des Hydrocarbures, il devra naviguer entre les attentes nationales et les pressions internationales pour transformer ce secteur crucial en un véritable moteur de développement pour la RDC.
Avec une vision claire et un engagement indéfectible, Aimé Molendo Sakombi est bien positionné pour apporter les changements nécessaires et garantir que les richesses en hydrocarbures de la RDC profitent à toute la nation. Son expérience passée et sa proximité avec les plus hauts dirigeants du pays pourraient jouer en sa faveur pour mener à bien les réformes nécessaires. Toutefois, il devra également s’attaquer aux problèmes de transparence et de gouvernance qui ont longtemps entaché ce secteur, pour assurer une exploitation durable et équitable des ressources pétrolières et gazières du pays.