GRAND ANGLE. Incontournable élément de l’équipe Kabila depuis bientôt dix ans, Lambert Omalanga vient pourtant de loin, très loin même. Interview Grand Angle avec l’homme qui se dit être un « Lumumbiste » dans l’âme.
30 juin 2003, les anciens rebelles déposent leurs valises à Kinshasa dans le cadre des accords de Sun City, ayant aboutis à la formule « 1+4 ». Parmi les grandes figures qui prendront les commandes de cette équipe hybride, le très discret Lembert Mende s’offre le poste du Rapporteur du Sénat pour le compte du RCD/ML, qui durera jusqu’en 2007. Ce natif d’Okolo dans le Sankuru, vient portant de traverser une longue période d’errance politique.
Des origines Lumumbistes
1971, Lambert Mende rentre au Collège St-Augustin de Lodja. Il n’achève pas ses études de Droit à l’UNAZA/campus de Kinshasa, mais vient à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) pour terminer une licence en Criminologie. « Prémonition d’un esprit téméraire », confiera plus tard, un de ses amis à Politico.cd.
Il devient chef de bureau au département de la jeunesse attaché au secrétariat général de la J.MPR (1976-79), puis secrétaire de cabinet du ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire V. Djelo (1979-80). De retour à Kinshasa en 1982, il est inquiété par la Sureté qui lui confisque ses papiers officiels ; relâché sur intervention du vice-ministre à l’enseignement Koli Elombe, il regagne la Belgique. Lambert est épris du Lumumbisme. Il devient tour à tour membre du parti MNC/L (un des nombeux partis nés de scissions d’anciens Lumumbistes) en 1981 et membre du bureau exécutif du MNC (réunifié) en 1983.
En 1986, premiers contacts avec l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi. Il crée l’ONG-Originel, avec l’UDPS et le PRP (Parti de la Révolution Populaire), la «Déclaration conjointe des partis politiques et organisations de l’opposition zaïroise du 1er mai 1990» qui réclame la tenue d’une Conférence Nationale.
En 1990, d’après les affirmations du cinéaste belges Thierry Michel, a eu lieu « le premier retournement de veste » de Lambert Mende Omalanga. Parti en exile à cause de cette fameuse lettre, il rentre au Zaïre en 1990, suite à l’«ouverture démocratique» annoncée par le président Mobutu, qu’il rencontre à Kisangani.
Mende, affirme Thierry Michel, à son retour de Bruxelles à Kinshasa en 1991, va « directement chez Mobutu pour demander de l’argent et de l’emploi. »
« C’est ridicule », rétorque l’actuel porte-parole du gouvernement, qui affirme être rentré pour participer à la Conférence nationale souveraine qu’organisait à l’époque le Maréchal Mobutu.
Toujours dans la lignée des Lumumbistes, Lambert Mende crée un parti, le Mouvement National de la Convention Lumumba/Originel (MNCL/O), qu’il préside, et devient membre du «Groupe du Consensus» en 1991.
Il est actif à la Conférence Nationale Souveraine (CNS), comme délégué de son parti, et préside le cartel «Collectif Progressiste» membre de l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale ; il est aussi, à la CNS, rapporteur de la Commission des Biens Mal Acquis.
Proche de l’UDPS
Il devient conseiller de la République en décembre 1992. En mars 1993, il est ministre de la Communication dans le gouvernement d’É. Tshisekedi (non-agréé par le président Mobutu) et à ce titre, porte-parole de l’USORAL. Cette colaboration lui collera plus tôt à la peau comme ayant « fait partie de l’UDPS ».
« Je n’ai jamais milité dans l’UDPS, à aucun moment de ma vie, je suis militant Lumumbiste depuis l’Université de Kinshasa, jusqu’aujourd’hui », clame-t-il à Politico.cd
L’autre polémique de la carrière de Lambert Mende arrive en 1998. En décembre de cette année-là, il signe son adhésion à la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), qui l’affecte le 26 janvier 1999 à la tête de son département de l’Information, Presse et Communication et plus tard Ministre de l’Information, Presse et Affaires culturelles.
« J’ai eu des problèmes sérieux avec un des proches collaborateurs de Mzee Kabila, le ministre de l’Intérieur, M. Kakudji, qui a tenté de me faire arrêter (…) et donc j’ai dû prendre les larges (…) j’étais complètement dépité », se justifie Lambert Mende à Politico.cd.
Six mois plus tard, il est chef de département de la Mobilisation politique, jusqu’au 18 mars 2000.
Critiquant le RCD, il est suspendu en avril 2000 et arrêté à Goma pour «propos subversifs portant atteinte aux intérêts du mouvement» tenus au cours d’un entretien téléphonique avec le journaliste Stan Tossou de Canal Afrique-Johannesburg.
« Etant un vrai Lumumbiste, je n’ai pas accepté ce que le RCD avait fait à Kisangani, étant une ville symbolique pour nous qui partageons les aspirations de Patrice Lumumba », explique Lambert Mende.
Il regagne Bruxelles où il est sollicité par le nouveau pouvoir de Kinshasa. Le 21 septembre 2001, il est exclu de son parti, le MNC-L/O.
Virage Kabiliste
En 2002, il rejoint la dissidence RCD-K/ML d’A. Mbusa Nyamwisi, puis il crée un nouveau parti nommé Convention des Congolais Unis (CCU).
En 2003, il est désigné sénateur sur la liste du RCD-K/ML et il est premier rapporteur du Sénat. Il est nommé le 26 juin 2006 porte-parole adjoint de l’AMP. En juillet 2006, il est élu député national avec 43.231 voix de préférence sur la liste de la CCU/AMP dans le territoire de Lodja.
Le 5 février 2007, il est nommé ministre des Hydrocarbures dans le gouvernement formé par A. Gizenga. Il garde son poste lors du remaniement du gouvernement du 25 novembre 2007.
Le 26 octobre 2008, dans le gouvernement Kabila d’Adolphe Muzito, il devient ministre de la Communication et des Médias, et à ce titre, il est porte-parole du gouvernement .
Ecouter l’interview portrait de Lambert Mende.
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