Depuis août 2016, des affrontements entre jeunes armés de flèches, lance-pierres et bâtons et les forces de l’ordre de la République Démocratique du Congo ont fait plus de 400 morts et plus de 200.000 personnes déplacées selon les statistiques du bureau national de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, OCHA.
Durant touts les week-ends, des vives tensions sont constatées dans les trois provinces (Kasaï Central, Kasaï et Lomami) issues du démembrement de l’ancienne région du Kasaï. Des jeunes s’identifiant comme adeptes au chef coutumier Kamwina Nsapu ont attaqué à plusieurs endroits des symboles de l’État entre vendredi et dimanche pour la plupart des cas. Des habitants de la région indiquent que ces attaques en jours de fin de semaine symbolisent la vengeance de ces jeunes, qui contestent contre la mort et l’inhumation sans respect de coutume de leur guide. Des victimes sont comptées dans tous les camps: éléments de forces de l’ordre et de sécurité ; miliciens voire des civils.
Face à cette insurrection l’armée Congolaise et la police ont lancé une opération de rétablissement de l’autorité de l’État. Sans déployer un arsenal militaire important, les éléments de troupes Congolaises emportent chaque semaine des victoires sur ces jeunes révoltés contre l’administration locale et accusés par Kinshasa des visées expansionnistes.
De milices de l’ouest traitées en bourreau et celles de l’est en enfant gâté
Les militaires ou officiers de l’armée qui ont fait défection et tenter une insurrection à l’ouest du pays subissent une réponse efficace de Forces Armées de la RDC. Tel est le cas de la milice Budu dia Kongo (au Kongo central); Enyele (en Équateur) et tout récemment la milice de Kamwena Nsapu au Kasaï. Des analystes précisent que contrairement à l’est de la République Démocratique du Congo, ces groupes armés naissant à l’ouest n’ont pas de soutien au sein de l’armée Congolaise et reçoivent en retour des frappes sans pitié.
Par contre à l’est, les groupes armés sont ceux qui ont donné leurs membres à l’armée. Ces anciens rebelles devenus officiers au sein de l’armée gouvernementale ont gardé leurs cordeaux ombilicaux avec leurs anciens compères. Ainsi, une fois nommés à la tête des opérations militaires contre les groupes armés dont ils sont originaires, ils dirigent celles-ci avec complaisance. D’autres voient plutôt une cause géostratégique derrière la répression sanglante de milices de l’ouest. Les provinces occidentales sont proches de Kinshasa, siège des institutions de la République. Ce qui justifie qu’une menace sécuritaire aux portes de Kinshasa est étouffée avant de compromettre la vie des institutions de l’État.
Des excès
L’armée Congolaise annonce avoir arrêté 7 militaires pour crimes contre l’humanité. Ces éléments de l’armée loyaliste sont apparus dans une vidéo controversée publiée sur internet, dans laquelle on aperçoit les troupes de l’armée gouvernementale en train de tirer sur les miliciens de Kamwena Nsapu, pourtant non armés. Le haut commissariat de l’ONU aux droits humains a dénoncé l’usage excessif de la force par l’armée contre cette milice.
Une équipe de journalistes de l’agence de presse Reuters et de la Radio France Internationale en reportage dans cette zone a, dans une enquête publiée lundi, fait état de huit (8) fosses communes découvertes dans cette partie du pays. Le bureau conjoint de Nations unies aux droits humains, BCNUDH, avait lui indiqué en avoir découvert dix (10) et que des enquêtes étaient en cours sur d’autres informations reçues, alertant sur l’existence d’autres fosses communes.
Fiston Mahamba, (@FMLarousse)