À l’origine, le Palais de la Nation est la résidence du gouverneur général, le plus haut fonctionnaire colonial et représentant du roi des Belges dans sa colonie du Congo. Le bâtiment n’ est cependant pas achevé à temps et devient, finalement, le siège du parlement congolais; et de fait, le symbole de l’État nouveau indépendant.
Le Palais de la Nation a connu une genèse longue et complexe. Le premier projet, dessiné en 1924 par un obscur architecte d’État, illustre clairement les ambitions de l’époque. Il prenait pour modèle l’architecture de style Beaux-Arts du musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren et du château de Laeken à Bruxelles en Belgique. Il faut attendre 1956 pour la pose de la première pierre car, deux concours ont été organisés, auxquels ont participé quelques architectes de marque. Marcel Lambrichs est désigné lauréat du deuxième concours. Son projet correspond parfaitement au projet de ville mégalomane de Georges Ricquiet pour « Le Grand Léo » des années 1940.
Le chantier démarre en 1956, cinq ans après la mise en place du jardin à la française de la résidence. Le bâtiment ne sera achevé qu’en 1961, après la proclamation de l’indépendance du Congo. Les projets pour la décoration intérieure aux motifs africanistes ne seront jamais exécutés.
En dépit de son passé colonial chargé, le bâtiment s’est avéré à même de devenir un symbole national puissant pour le pays. Le Palais de la Nation représente un lieu à haute valeur symbolique dans l’histoire de la République démocratique du Congo. Implanté le long du majestueux fleuve Congo, il s’ouvre sur une place où trônait la statue équestre du roi Léopold II. Enlevé en 1967, dans le cadre de la campagne pour « un retour à l’authenticité » mené par le président Mobutu Sese Seko, la place accueil désormais un mausolée en l’honneur de feu le président Laurent-Désiré Kabila.
La résidence termine le grand axe monumental du quartier administratif de Kalina. Bâtiment de style monumental qui s’inspire du discours « officiel » de la conception architecturale de l’époque. Il est composé de deux ailes latérales articulées autour d’un vaste pavillon d’entrée circulaire, flanqué d’une colonnade monumentale sur la façade principale.
Le Palais est devenu un lieu de mémoire congolaise, c’est en effet dans ce lieu que s’est tenu le 30 juin 1960, jour de la proclamation de l’indépendance du Congo par le parlement belge, en présence du roi Baudouin, le discours de Patrice Lumumba héros national, dénonçant le gouvernement colonial belge.
Le nouveau Parlement de la jeune République du Congo (nom officiel du Congo-Léopoldville à l’époque) y prend ses quartiers jusqu’au déménagement au palais du Peuple où il réside actuellement. Joseph Kabila s’y est installé après avoir occupé temporairement la Cité de l’Union africaine.
Le mausolée de Laurent-Désiré Kabila est a été élevé entre janvier 2001 et janvier 2002 devant le palais à l’emplacement de la statue équestre du roi Léopold II, roi des Belges, déboulonnée par Mobutu au début des années 1970.
Les trois prestations de serment de Joseph Kabila y ont eu lieu en 2001 lors de son arrivée au pouvoir, en 2003 après la signature de l’ »Accord Global et Inclusif » mettant fin à la deuxième guerre du Congo et enfin le 6 décembre 2006 après son élection face à Jean-Pierre Bemba. Le maréchal Mobutu Sese Seko résidait au palais du mont Ngaliema et Laurent-Désiré Kabila au palais de Marbre où il a été assassiné le 16 janvier 2001.
27 février 2011. Le palais est victime d’une attaque. Six des assaillants ont été tués. Les autorités congolaises parlent de « tentative de coup d’Etat ». Dans l’opinion, cette attaque du bâtiment le plus sécurisé du pays sonne comme un terrible choc. A tel point qu’au sein de l’opposition, on accuse les autorités d’avoir manigancé cela pour « faire diversion », à quelques mois de la tenue des élections. Car, jamais ce symbole du Pouvoir n’aura a été victime de quoi que ce soit. Même durant les 32 ans de règnes de l’invincible Maréchal Mobutu Sese Seko.
Six ans plus tard, ce grand palais est à nouveau au coeur de débats dans un pays en crise. L’opposition, dégoûtée par la nomination d’un de ses transfuge à la Primature, veut l’escalader, pacifiquement toutefois. Une tâche herculéenne, et dont la faisabilité est désormais sujet à débats.
Avec Musée royal belge de l’Afrique centrale,
Musée National du Congo et AFP.