Le Royaume de Belgique a décidé de faire de la question des « enfants soldats » et des « conflits armés » en République démocratique du Congo (RDC) « une priorité ». Dans une note officielle, il rappelle qu’au cours de ses deux années de mandat (2019-2020) au Conseil de sécurité, » la Belgique s’est fortement engagée en faveur des +enfants et conflits armés+ ». Ce thème occupe également une « position centrale à la présidence belge du Conseil de sécurité des Nations Unies (février 2020).
« Les enfants représentent l’avenir. Il est donc essentiel de les chérir et les protéger. Pourtant, plus de 420 millions d’enfants – 1 sur 5 dans le monde – subissent les conséquences des conflits armés. Cette situation engendre du stress et des traumatismes susceptibles de provoquer des maladies chroniques, des dépressions et des troubles mentaux divers, même à l’âge adulte « , note la Belgique qui se consacre à la » protection des enfants dans les conflits armés « .
Ainsi, depuis des années, la Belgique s’efforce de maintenir la problématique au coeur de l’agenda international et apporte un soutien financier au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). » Cet engagement vise, entre autres, à sensibiliser l’opinion publique belge et internationale aux graves violations des droits de l’enfant, commises également dans un certain nombre de pays partenaires de la Coopération belge au Développement, tels que le Mail, les Territoires palestiniens occupés et la République démocratique du Congo « , explique la note officielle.
SIX VIOLATIONS GRAVES DES DROITS A L’ENCONTRE DES ENFANTS
L’ONU reconnaît six violations graves des droits de l’homme qui vont à l’encontre des enfants dans les situations de conflits, comme en RDC : le recrutement d’enfants soldats, les meurtres et les mutilations, les violences sexuelles, les enlèvements, les attaques contre les écoles et les hôpitaux ainsi que le refus d’accès à l’aide humanitaire.
La démarche consiste donc à amener l’ONU à » veiller systématiquement à la protection des enfants lors de ses opérations de maintien de la paix, dont la MONUSCO en RDC, et dans son utilisation ciblée des sanctions « . La réintégration des jeunes, dont les droits ont été violés lors des conflits armés, s’avère importante, dans la mesure où elle contribue à la stabilité sociale et à la paix.
ENFANTS SOLDATS EN RDC
Depuis 1996 en RDC, dans le cadre de ce qu’on a appelé la Première Guerre du Congo (AFDL de Laurent-Désiré Kabila contre le régime de Mibutu) et dans le contexte des tensions provenant de la guerre civile et du génocide rwandais, il a été estimé qu' » entre 1998 et 2002, 40% des membres de groupes armés actifs en RDC étaient des mineurs « .
L’Organisation internationale du travail (OIT) indique que » plus d’un tiers des 300.000 enfants-soldats dans le monde se trouvent en RDC ».
Selon des sources humanitaires, « des milliers d’enfants ont été enrôlés dans les milices en RDC volontairement ou de force, par des campagnes de recrutement massif ». « Les enfants sont enlevés dans la rue ou Interpellés dans les classes, arrachés aux leurs dans les camps de réfugiés ou dans les camps de personnes déplacées. Souvent, des miliciens sont simplement venus les chercher chez eux, sous la menace d’une arme, leurs parents anéantis assistant impuissants à la scène. De nombreux enfants racontent qu’ils ont été enlevés alors qu’ils jouaient dans leur quartier ou marchaient le long d’une route », rapportent des humanitaires.
VEILLER SUR LES DROITS DE L’ENFANT EN RDC
Le gouvernement congolais est appelé à trouver des solutions aux principaux problèmes rencontrés par les enfants en RDC, tels que répertoriés dans un rapport d’une étude des Nations Unies.
Pauvreté
La République Démocratique du Congo est l’un des pays le plus pauvre au monde puisque plus de 70 % de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Une grande partie de la population vit donc avec moins de deux dollars par jour. Le revenu national brut par habitant s’élève à 160 dollars par an.
Santé
Le taux de mortalité infantile en RDC est de 199‰ ce qui est extrêmement élevé et l’espérance de vie (48 ans) est l’une des plus basses enregistrées au monde.
La RDC est l’un des pays où la population est la plus touchée par le virus du Sida. Cette problématique touche directement les enfants puisqu’environ 930 000 enfants sont actuellement des enfants orphelins du sida. Ces enfants qui n’ont alors plus de famille se retrouvent dans les rues : ceci accroit le risque de propagation du Sida.
L’accès aux soins et notamment aux vaccinations reste problématique étant donné les faibles moyens accordés aux hôpitaux et le manque d’information de la population.
Ces lacunes ont entrainé la réapparition de la polio en RDC nécessitant la mise en place par l’Organisation Mondiale de la Santé d’une vaste campagne de vaccination pour 12 millions d’enfants de moins de 5 ans.
Éducation
L’enseignement primaire en RDC n’est pas gratuit. Les coûts de scolarité sont presque aussi élevés que le revenu par habitant, de ce fait très peu d’enfants sont scolarisés.
Parmi les adultes, plus de la moitié de la population n’a jamais été scolarisée ou n’est pas allée au delà du cycle primaire. Seuls 50% des enfants de 6 à 11 ans vont à l’école primaire.
Enfants soldats
Les conflits qui ont lieu en RDC affectent principalement les enfants qui en sont les premières victimes.
Les conflits persistants en RDC ont entrainé le recrutement d’enfants dans des groupes armés. Ces enfants congolais sont souvent capturés à la suite du meurtre de leurs parents par ces groupes armés puis envoyés dans des camps, où ils sont formés au maniement des armes. Ils deviennent ainsi des enfants soldats devant commettre des crimes contre la population et parfois même contre leur famille.
Environ 35% des combattants présents en RDC sont des enfants. Pour ces enfants, la seule éducation qu’ils reçoivent est issue de la guerre, milieu violent, dangereux et sanglant. Leurs perspectives d’avenir en sont alors gravement affectées.
Violences sexuelles
L’une des conséquences dramatiques des conflits armés en RDC est la pratique aujourd’hui banalisée du viol que ce soit envers les femmes, les enfants ou encore les hommes. La pratique des violences sexuelles dans ce conflit armé se distingue des autres crimes par son ampleur et sa cruauté.
L’ONU a notamment précisé que le viol était aujourd’hui considéré comme une arme de guerre. En effet, les viols sont utilisés en RDC comme une arme de destruction des populations.
Les enfants congolais sont particulièrement touchés par ce fléau que ce soit au sein de leur famille ou par les groupes armés. En 2009, plus de 150 000 cas de violences sexuelles ont été signalés et plus de la moitié d’entre eux concernent des victimes âgées de moins de 18 ans.
Les enfants sont traumatisés par ces viols épouvantables mais peu de structures sanitaires et juridiques sont mises en places. Cette absence de structure empêchent les enfants de dénoncer ces actes et d’obtenir réparation.
Ces viols qui entrainent des traumatismes émotionnels et psychologiques, engendrent également le risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles mais aussi des grossesses non désirées.
En plus d’être victimes de violences sexuelles, les jeunes filles congolaises peuvent être contraintes à se prostituer ou encore à se marier.
Déplacement d’enfants
Pendant les conflits, les enfants qui en sont les premières victimes se voient contraints de se déplacer afin d’éviter l’enrôlement dans les groupes armés ou encore les violences exercées par ces derniers.
Ces déplacements forcés empêchent les enfants d’avoir une alimentation correcte, et d’accéder à l’éducation. Ils deviennent alors vulnérables à la malnutrition et aux maladies.
Enfants des Rues
Cette problématique est principalement localisée à Kinshasa (capitale de RDC). Toutefois, les enfants des rues sont également présents dans toutes les autres régions de RDC. Le nombre d’enfants des rues est estimé aujourd’hui à 70 000, ceci révélant la situation dramatique dans laquelle ces derniers vivent.
L’âge moyen de ces enfants est de 12 ans et une partie croissante d’entre eux se retrouvent dans cette situation car ils sont désignés comme étant des enfants sorciers.
Enfants Sorciers
La sorcellerie présente en RDC conduit parfois les parents à chasser leurs enfants de chez eux. En effet, dès lors que l’enfant montre des « symptômes de comportements étranges » (sommeil agité, petite taille, appétit) et qu’une autorité spirituelle a confirmé qu’il était un sorcier, alors il est violenté et chassé de chez lui.
Une fois chassés, les enfants sont alors livrés à eux mêmes et doivent donc travailler, mendier ou se prostituer.
Travail des Enfants
Les frais de scolarité étant bien souvent excessifs pour les parents, ces derniers emmènent parfois leurs enfants travailler avec eux. L’enfant joue alors un rôle économique important pour sa famille, car les salaires sont si bas qu’ils ne permettent pas de nourrir une famille.
Les enfants sont alors contraints de passer leur journée dans les décharges de minerais du pays afin de ramasser du gravier ou encore du cuivre.
Ce travail nécessaire pour leur assurer un minimum alimentaire vital enfreint l’article 32 de la Convention des Droits de l’Enfant proclamant la protection des enfants de l’exploitation économique.
Droit à une identité
Seuls 31 % des naissances sont enregistrées en RDC. La majorité des enfants congolais n’ont alors pas d’identité officielle, ni de nationalité : ils sont invisibles aux yeux de la société.
Ce défaut du droit à l’identité est particulièrement problématique pour les enfants congolais soldats et déplacés. N’ayant pas d’existence juridique, ils se retrouvent alors en situation illégale et sans aucun droit
Par NSUMBU Ange