« Que sont revenues les fleurs du temps qui passe ? Que sont devenues les fleurs du temps passé ? » La génération des années 1966 se souviendront de cette mélancolique chanson de la célèbre vedette de la chanson française d’origine italienne, Dalida. Et ces fleurs, pour des milliers de Congolais, c’est la dizaine de navires de haute mer battant pavillon congolais dans les glorieuses années de la marine zaïro-congolaise.
« Il était une fois, rappelleraient des conteurs, d’énormes bateaux de notre grand pays sillonnaient les mers et les océans, reliant nos berges et celles des pays outre Atlantique« . Mais, voilà! La génération présente émettra des doutes, arguant d’histoires de vieillards mélancoliques.
UNE FLOTTE DE 10 NAVIRES
De 1971 à 1975, la Compagnie maritime du Congo-Kinshasa, alors Compagnie maritime du Zaïre (CMZ), était l’un des plus grands armements d’Afrique noire avec une flotte de dix navires :
- 1971, MV KASA VUBU -Cargo 11.700 T(port en lourd)
- 1973, MV KANANGA -Cargo mixte 15.350 T
- 1974, MV LUMUMBA -Cargo 15.000T
- 1974, MV BANDUNDU -Cargo 15.000T
- 1974, MV KISANGANI -Cargo 15.000T
- 1974, MV MBANDAKA -Cargo 15.000T
- 1974, MV MBUJI MAYI-Cargo 15.000T
- 1974, MV BUKAVU -Cargo 15.000T
« En sus, la CMZ exploitait en commun avec la Compagnie maritime belge (CMB), deux cargos de 16.000 T (port en lourd) sur la ligne ANVERS/MATADI« , se souvient un armateur de cette glorieuse époque.
Aujourd’hui, pour son commerce extérieur, la République démocratique du Congo (RDC) s’appuie sur les Lignes maritimes congolaises (LMC SA), un instrument de commerce extérieur et de croissance économique pour le développement de son commerce extérieur.
Pour ceux qui ne le savent pas, l’exploitation maritime de la ligne Anvers/Matadi remonte à l’époque où le Congo fut le patrimoine privé du Roi des Belges et appelés alors État indépendant du Congo (EIC) reconnu par la conférence de Berlin, le 26 février 1885.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale (1940-1945), l’économie internationale avait été caractérisée par un vaste mouvement de reprise dont l’essor entraîna un gonflement sensationnel des courants de transports entre la Belgique et sa colonie, le Congo Belge.
De cette conjoncture naîtra, le 28 novembre 1946, la Compagnie maritime congolaise (CMC), filiale de la Compagnie maritime belge (CMB) qui détenait 80% des actions tandis que le gouvernement général du Congo Belge n’en détenait que 20% d’actions.
La CMC Sarl était soumise à la législation en vigueur au Congo Belge. Elle avait son siège social à Léopoldville et le siège administratif à Anvers.
Ses premiers navires furent :
1.MV KINSHASA;
2.MV KINDU.
Gérés conjointement par l’AMI/Anvers avec ceux de la CMB. Ils desservaient les ports de Matadi, Boma, Dar es Salaam en Tanzanie et Beiro en Espagne.
Des experts rappellent que la CMC vendit ses deux premiers navires en 1951 pour les remplacer par deux autres navires :
1.MV CONGO ZOLE en 1962;
2.MV CONGO MOKO en 1968
A la proclamation de l’indépendance du Congo, l’opinion congolaise estimait qu’il fallait augmenter la participation congolaise au capital de la CMC en privilégiant l’actionnariat privé congolais.
Le 14 mars 1966, le président Joseph Désiré Mobutu promulgua l’ordonnance loi portant publication du Code de navigation maritime. Les navires CMC furent autorisés à battre pavillon congolais et sa gestion fut confiée au Conseil d’administration présidé par M. Gaston Diomi qui délégua au groupe AMI CMB la gestion financière et technique des navires.
Le 21 juin 1966, avait été signé entre la République démocratique du Congo et la Compagnie maritime belge un protocole d’accord aux termes duquel la RDC détenait une participation majoritaire dans le capital de la CMC. Le pavillon congolais était né avec Matadi comme port d’attache.
Le 18 juillet 1967, la CMC prit solennellement possession de sa flotte. Le MV P.E. LUMUMBA. (Ex: MV LEOPOLDVILLE) avec deux autres navires :
1- MV OKITO (ex. Congo MOKO) ;
2- MV MPOLO (ex. Congo ZOLE).
La CMC recevait pour mission d’affirmer sur les mers l’indépendance économique du Congo. Elle devient l’instrument privilégié du pays pour son commerce extérieur. Le transport des produits lourds, pondéreux et onéreux lui fut confié.
Sans aucune modification à ses statuts CMC dévient CMZ (Compagnie maritime du Zaïre) à la suite du changement de nom du pays en 1971. Il en sera ainsi durant toute son existence.
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Le 02 décembre 1974 : dissolution de Compagnie maritime du Zaïre, société d’économie mixte, et création de la CMZ (Compagnie maritime zaïroise) par la loi 74/026 du 02 décembre 1974), entreprise publique à capitaux entièrement zaïrois.
En 1997 , la Compagnie maritime zaïroise (CMZ) est rebaptisée C.M.D.C (Compagnie maritime du Congo), dénomination confirmée par le décret N° 069/2002 du 24 juin 2002, suite au changement de nom du pays de la République du Zaïre en République Démocratique du Congo.
Par le décret N° 09/12 du 24 avril 2009, la C.M.D.C, entreprise publique à caractère commercial et industriel, est transformée en Lignes maritimes congolaises, société par actions à responsabilité limitée (SARL).
Le 12 septembre 2014, la L.M.C SARL est devenue une Société anonyme unipersonnelle avec Conseil d’administration au capital de 16.474.900.000 CDF, en application de l’acte Uniforme sur le droit commercial général de l’OHADA.
Marché actuel :
▪Ligne NOCO : Europe Nord-Continent
▪Rangée : Lisbonne – Hamburg – Côte Ouest Africaine
Escales régulières :
Anvers (Belgique) – Matadi (RDC) – Boma (RDC) – Viana do Castello (Portugal) – Caen (France).
AMBITIONS
Depuis cette époque, le temps s’est irrémédiablement écoulé. Et la dernière fois qu’un navire marchand, propre à la RDC, à cinglé dans les eaux internationales remonte à une quarantaine d’années.
En 2011, dans son message de campagne électorale, le président Joseph Kabila s’était engagé à doter la RDC d’un armement de haute mer. Des photos de paquebots avaient même été collées sur des panneaux géants dans quelques grands carrefours de Kinshasa.
Lais, rien ne fut fait jusqu’en novembre 2017, lorsque la loi de finances publiques de 2018 ressuscita le projet. Un montant de 35 milliards USD (21,8 millions USD, environ) y avait été accordé au ministère des Transports et Voies de communication pour l’acquisition d’un navire pour le compte des Lignes maritimes congolaises SA.
En 2006, l’État congolais avait engagé des contacts avec un fournisseur ukrainien pour l’acquisition de deux navires de haute mer pour la Compagnie maritime du Congo.
Pour l’heure, les Congolais ne peuvent que ressasser le bon vieux temps de la marine civile congolaise.
Par NSUMBU Ange
3 commentaires
Merci pour les info
Nous sommes maudits
Cet article m’a beaucoup plu. Je serai heureux de lire encore plus d’informations économiques, sociales et politiques de mon pays.
Mak Lendje B. MABOTE