Roma locuta, causa finita (Rome a parlé et la cause est entendue, le débat est clos). Cette formule du magistère, qui interdisait tout doute de vérification à Rome, a été prononcée par Saint Augustin en septembre 417. Et, elle est toujours d’actualité jusqu’aujourd’hui. Elle vaut son pesant d’or dans le contexte actuel où la République démocratique du Congo (RDC) vient d’éviter le pire. Les esprits des Congolais étaient surchauffés depuis samedi 11 avril 2020, quand le président du Sénat avait affirmé que le Chef de l’État a violé la Constitution en proclamant l’état d’urgence sanitaire sans en avoir demandé au préalable l’autorisation du Parlement.
Pour les proches de Félix Tshisekedi, Thambwe Mwamba a fait outrage au président de la République. Les débats ont gagné du terrain, à telle enseigne qu’on a oublié le terroriste sanitaire qui a mis fin à l’arrogance humaine et à la puissance des Nations, le COVID-19.
Les discussions se sont amplifiées chaudement quand Jean-Marc Kabund est venu, le jour qui a suivi, contredire le speaker de la Chambre haute du parlement. Il a affirmé que le Chef de l’État a usé de la deuxième possibilité que lui offre la Constitution, celle préconisant une simple concertation avec le Premier ministre et les présidents des deux Chambres. « C’est ce qui fut fait », se réjouit le président a.i de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps). Kabund dénonce ainsi un coup que le Front commun pour le Congo (FCC) mijotait pour l’exécuter lors du Congrès.
L’opinion nationale a été frustrée d’apprendre, de la bouche du premier vice-président de l’Assemblée nationale, que l’organisation d’un Congrès nécessite pas moins de 7 millions de dollars. Pour les uns, c’est trop d’argent surtout que l’équipe de riposte a besoin de beaucoup de moyens pour faire face au Coronavirus qui décime la planète terre. Pour d’autres, la tenue du Congrès est impérative pour voter une loi devant encadrer les mesures d’urgence sanitaires annoncées par le fils du Sphinx de Limete.
Jour de haute tension
La journée du lundi 13 avril 2020 a été le point culminant. Après les interventions de Thambwe Mwamba et de Kabund a Kabund sur la radio Top Congo, la convocation du Congrès était le sujet principal de toute conversation. Les réseaux sociaux ont été inondés des interprétations des articles 85, 144 et 145 de la Constitution.
Tout le monde était devenu juriste et constitutionaliste. Chacun y allait de ses sentiments et de son zèle.
Au début de l’après-midi du même lundi 13 avril, le vice-Premier ministre de l’Intérieur annonce tout faire pour que les mesures d’urgence sanitaires soient respectées partout, notamment le volet interdisant tout attroupement de plus 20 personnes. D’office, c’est le Palais du peuple devant abriter le congrès qui est fermé de manière conservatoire jusqu’à nouvel ordre.
Du coup, les débats changent de nature et deviennent des menaces. Au FCC comme au CACH, les invectives sont lancées avec véhémence. Dans la capitale, Kinshasa, la tension avait atteint son paroxysme et la crainte de l’irréparable était perceptible. Les uns et les autres craignaient l’embrasement du pays. Sur toutes les lèvres, deux verbes revenaient constamment : destituer et dissoudre.
Pour plusieurs, le Congrès devait activer les mécanismes de destitution du Chef de l’État pour violation de la Constitution, thèse soutenue par les proches du FCC mais sans parler clairement de la destitution.
En face d’eux, ceux qui pensaient que les conditions sont réunies pour parler d’une crise institutionnelle. Une aubaine pour Tshisekedi de dissoudre le Parlement.
Pour les ténors de cette option, le FCC est un colis encombrant dont il faut se débarrasser pour le décollage du développement du pays.
C’est à ce niveau que les Congolais ont assisté à des interprétations tendancieuses des lois du pays. Triste, pour une Nation qui regorge des éminents professeurs de droit mais pas susceptibles de donner une explication plausible de trois articles de la Constitution : 85,144 et 145. Le pays tout entier avançait inexorablement vers l’inconnu.
Le dénouement
Il fallait attendre le début de la soirée pour pousser un ouf de soulagement, l’apaisement. La Cour constitutionnelle, toutes affaires cessantes, a déclaré « conforme à la Constitution » l’ordonnance du Chef de l’État décrétant l’état d’urgence sanitaire en RDC. Du coup, le langage change dans tous les États-majors politiques. Les réseaux sociaux sont de nouveaux en branle, la toile saturée. Au CACH, on crie à la victoire. Au FCC, on garde encore silence. Personne ne veut réagir. Cette décision de la Cour vient ainsi mettre fin à la convocation du Congrès, mais aussi au méticuleux débat y afférent. Les esprits se sont apaisés, le souffle revenu.
Pour plusieurs observateurs, la Cour constitutionnelle a blanchi Félix Tshisekedi dont les services personnels avaient pris le soin de saisir la Haute Cour à propos de l’ordonnance querellée. « Le FCC n’avait pas l’information que la Présidence avait, celle de l’avis favorable de la Cour constitutionnelle. Et, il pensait saisir la balle au bond pour accuser Tshisekedi », révèle hors micros et caméras, une source proche de l’UDPS. Et cette dernière d’ajouter : « Tshisekedi vient, une fois de plus, de déjouer un complot. La coalition FCC-CACH est un suicide pour le pays« .
Oui, la décision de la Haute Cour met fin aux tergiversations des uns et des autres. « La vigilance reste le maître mot et est recommandée pendant ce temps dans tous les camps, car qui a bu boira, dit une maxime« . « La coalition au pouvoir ne rassure pas« , regrette un acteur de la société civile.
Tout d’un coup, c’est la popularité de FATSHI qui va crescendo. Le Magazine américain FORBES a communiqué des chiffres qui montrent une hausse vertigineuse de la popularité en seulement 72h (85% d’opinions favorables. Donc une hausse de 25%). Selon ce média, les Congolais ont promptement adhéré à la vision du Chef de l’État et pensent qu’à l’allure où vont les choses, le développement de la RDC et l’éradication de la pauvreté ne seraient plus une utopie, mais plutôt une réalité palpable que personne n’aurait pensé dans ce pays gangrené par le pillage systématique et impunité au sommet de l’État.
Après cet épisode qui a failli emporter beaucoup à son passage, il est de l’intérêt suprême de la Nation que tous les politiciens, la société civile, les fonctionnaires et toutes les couches de la population entonnent une même complainte à l’unisson pour parler de l’unité et du développement de la RDC. La classe politique, qui estime parler au nom du peuple, doit privilégier les intérêts du souverain primaire, au détriment de ceux égoïstes. L’heure n’est pas aux coups bas, mais à la conjugaison des efforts pour vaincre le Coronavirus qui tue. Et alors, seulement, la nation sera sauvée.
Édouard Bajika