Il n’est pas bon de prendre la route quand on a lampé un verre de trop. Mais, que fait-on d’une plume lorsque le cœur saigne ? Touché, atteint, non pas par un coup qui lui est asséné, mais celui qui touche ce à quoi nous tenons le plus : une terre, celle qui nous lie tous, celle qui nous donne une identité, une raison de vivre, une origine et une direction. Le coup a touché le Congo, la mère-patrie, troublant un cœur qui n’était guère apaisé. Coronavirus à gauche, satanées douleurs du dos qui durent depuis 5 ans derrière, sans oublier les hécatombes qui se succèdent.
Pas plus tard qu’hier, Uvira, délaissée dans l’est enfui et maculé de la RDC, voit la pluie s’acharner sur elle, sablant les vagues comme un champagne qui sauterait des joies. Les victimes font la Une des réseaux sociaux, y compris leurs cadavres. Mais, soudain, les bourreaux, ceux qui auraient pu prévenir cela, leur adressent leurs condoléances. Ils sont avec eux. Ils sont touchés. Dans une opération marketing qui ferait pâtir « MorningStar » himself.
Alors oui, nous sortons la plume, appuyons jusqu’à ce qu’elle saigne, pleure, verse des larmes. Des traces indélébiles d’une souffrance enfuie dans un cœur déjà tourmenté. La méchanceté, qui l’accompagne, n’aura d’égale que celle des sans-pitiés, les Kleptomanes, à l’origine même de la colère. De notre colère. Du tourment de tout un peuple. Aussi, dès lors, mettons de côté l’idée même de présomption. La seule qui prévaut, quand il y a tant de morts et de souffrances, quand une nation entière est menacée par un virus qui décime le monde et qui aurait pu être stoppé rien qu’avec les efforts emportés par ces dépouilleurs… , la seule présomption, qui prévaut, est bien celle de la culpabilité !
Des loups dans la bergerie
Laissez-moi vous les présenter : ils ont l’intelligence des dieux, une diction à renvoyer Molière aux études et une matoiserie de Samaël. Le discernement est leur second nom. Quand ils trépignent, quand ils ne peuvent voler, quand ils ne sont pas au pouvoir, quand ils ne peuvent s’envoler, ils filent vite dans la bergerie, où ils enfilent la peau d’agneaux et se confondent aux troupeaux, en attendant les jours meilleurs, le temps que le monde oublie, vite, leurs anciennes identités, leurs prouesses, faits et forfaits. Vous l’auriez compris. Nous parlons des dieux congolais de la prestidigitation. Ceux-là, capables de tout prendre et ne rien risquer. Les Seigneurs de la détourne, les Rois des larrons !
Ils se présentent souvent en sauveurs. Ceux-là qui peuvent guérir le Congo, les seuls, disent-ils. Dans la bergerie, pendant la campagne électorale, ils bêlent, à l’unisson. Ils prouvent leur utilité, sachant toutefois où s’agripper. Avec qui s’allier. Lisant le vent tel une boussole, misant tout sur la chance et la matoiserie.Oh, que si ! Ce sont des as ! De la politique ! Ils parlent en langues et font parler les foules. Quand ils seront au pouvoir, Bandal sera Paris ! Ils construiront des sauts-de-girafe, le mouton étant petit !
Mais, en réalité, quand on fonce un doigt sur leurs touffes de plumes, enfuies dans ce corail d’agneaux, on y découvre la maigreur d’un poussin, se faisant passer pour un Coq ! Quand ils arrivent au pouvoir, la vérité éclate ! Ils sont malades ! Ils souffrent ! De la Kleptomanie ! Une manie incurable, peut-être héréditaire, qui leur procure des frissons autrement plus excitants que la vie bourgeoise ordinaire dans l’ombre de leurs quotidiens des gens de pouvoir. Un genre qui t’oblige à compter tes doigts après les avoir salué! Pourtant, le dictionnaire veut qu’un Kleptomane ne vole pas sans scrupules, ni remords, emporté par une impulsion interne irrésistible.
Ceux du Congo sont spéciaux. Le vol les soulage indéfiniment. Ils ne prennent que l’argent public, ils ne volent que le Congo. Bien souvent, parce que celui-ci est bien impuissant. Car, si Robin des Bois volait les riches pour donner aux pauvres, si Prométhée a dérobé le secret du feu à Zeus pour le donner aux hommes, les Kleptomanes congolais volent le feu à Zeus et à Prométhée pour l’éteindre, à défaut de s’en servir seuls. Ils volent le Congo et s’envolent partager le butin avec les riches du Congo. Les pauvres sont laissés là, dans un coin de rideau; car, pouvant servir, de temps en temps, lors d’une campagne électorale, par exemple. Voilà que tout un pays est enchaîné, lié dans une crise perpétuelle et indéfinie. Maintenue dans la boue par des hommes qui ne dorment, inventent et innovent dans leur ingéniosité que pour piller son Trésor public.
La peine est tellement profonde que ces Kleptomanes prennent toujours soin de s’entourer des grandes gueules ou des gros doigts : ceux qui n’ont pas eu le temps de se dénicher une vocation jusqu’à l’arrivée des réseaux sociaux. Depuis leurs existences affligeantes, avec des déchets qui leur sont balancés par leurs maîtres, tels des piafs à qui le Seigneur balancerait des grains de riz…, ils crachent du venin, s’attaquent à tout, insultent et lancent des fatwas, dans une utopie parfaite d’obtenir un quelconque droit de piller pour leurs commanditaires.
Le Congo en a marre et se réveille
Soudain. Dans leur lancée, en complicité avec leur plèbe souillée, grimpant très haut, tentant de toucher le ciel, arrive le jour où chronos, le temps, père des dieux, envoie sa facture. Tel Samael balancé sur terre avec ses anges déchus à la suite d’une lutte qu’il perd face à Michael l’archange, les Klopamanes chutent ! Car, presque sans le vouloir, ils ont subtilisé l’objet de trop. La plus rocambolesque des addictions amène vers un mur. Plutôt quatre murs qui brûlent ses sujets à Makala. Ils y sont envoyés, atterrissant dans une toute petite cellule de seize personnes. Ironie du sort, un est accusé d’avoir emporté les fonds de construction d’un logement plus grand. Sur les réseaux, les moineaux, les siffleurs joyeux, la bande de piafs est hébétée. Silencieuse. Elle n’en revient pas. Cette fois-ci, Barabbas sera condamné !
Tout était pourtant prévisible. Quand on joue à la kleptomanie, il vaut mieux s’assurer que celui qui est à côté de nous, celui qui détient le pleins pouvoirs, y joue aussi.Et à ce sujet justement, le Congo a pris la peine d’envoyer, à ce poste, un novice. Du moins en apparence. Tous, les kleptomanes croyaient, alors, qu’ils tenaient là un nouvel élève. Ils se lancèrent rapidement, à l’unisson, à la flagornerie, la science à l’honneur à Kinshasa, cherchant à enrôler le nouvel envoyé des Congolais, le nouveau gardien du Congo. Mais, ce dernier est d’une autre trempe. Il sort des cuisses de Jupiter. Celles d’un certain Etienne Tshisekedi ! Dès lors, la vie devient tout à coup dure pour toute kleptomanie à Kinshasa.
Les dernières nouvelles ne sont pas bonnes. Les rapaces s’alignent. Allo Matete! Ici Makala. Envoyez les prisonniers. La queue leu-leu. Ils s’alignent. Un procureur tout feu tout flamme. Il n’a peur que de la loi. Dressant une liste longue comme la route qui mène vers Rome, à l’image de leurs forfaits. Un par un, il les coffre. Au gnouf. En attendant le grand jugement. Le dernier jour ! Le jour où le Congo se vengera. Ce jour-là, commencera alors une longue route vers la Renaissance, la naissance même d’une grande Nation. Avec N majuscule ! La fin des décennies des Kleptocratie. Oui ! L’espoir est là. Car, comme le Fondé, partout au Congo, au gouvernement, dans des cours et tribunaux, dans des églises, dans des universités, sur les réseaux sociaux, du côté des mouvements citoyens… le Congo est en train de se réveiller, prêt à broyer les Kleptomanes, y compris leurs moineaux. Plus qu’une question de temps !
Litsani Choukran,
Le Fondé.
12 commentaires
Belle plume d’un journaliste chevronné ,un des quelques moutons -blancs rares dans une bergerie des moutons -noirs.
Bravo
Le fondé quel plaisir à vous lire. Oui vous avez raison, le Congo mérite la Renaissance ! Il est plus que temps !
Un tres bon article et un appel au reveil des congolais lesquels du moins sont deja debouts à part les distraits et les envoutés qui sont emballés dans le fanatisme ethno-tribal…
Bravo Monsieur Choukran pour votre optimisme ! Vous voyez déjà le Congo en train de se réveiller. Je ne suis pas encore convaincu que tous ces kléptomanes seront broyés comme vous le dites. Le mal est trop profond dans ce pays; si Fèlix parviendra à éradiquer la corruption, alors il sera le premier président Congolais qui méritera le titre d’Héros National.
Une plume de Ouf mais alors une vraie peinture de la situation actuelle du pays . Chapeau bas !
Quel plaisir de vous lire très cher Litsani Choukran [Le Fondé]. Une plume que je ne sais louer Félicitations Brother. « …Mais, en réalité, quand on fonce un doigt sur leurs touffes de plumes, enfuies dans ce corail d’agneaux, on y découvre la maigreur d’un poussin, se faisant passer pour un Coq !… »
Merci, maintenant ou jamais
Quel plaisir de vous lire, monsieur le Fondé. Continuez à faire goûter la finesse de la langue française et la profondeur d’une réflexion digne d’un savant. Franchement, j’ai encore soif de vous lire. Une chose est certaine: a cette allure ou vont le choses, le Congo tend vers une naissance en N majuscule. Ne vous laissez pas de nous balancer un autre article en suivant l’évolution de la d’échéance des kleptomanes de notre pays. Encore une fois FÉLICITATIONS.
Mes felicitation! un article bien articule avec un fond de grand valeur, tres fier de vous avoir lu. vous faite la fierte de media congolais.
Bonjour Monsieur CHOUKRAN, le Fondé
Simplement impressionnante comme plume, impossible de ne pas réagir face la beauté de ce texte et surtout à son contenu révélateur et même interpellateur. Ce genre de plume nous manque souvent dans un flot de « plumocratie »
de bas étage et répugnante à souhait que nous servent les réseaux sociaux où tout le monde se découvre la vocation de journaliste et d’écrivain. Ouf…
Oui, je crois que la nation Congolaise renaîtra avec un grand « N ». Cela est possible maintenant plus qu’avant, il nous faut nous y mettre sans arrière pensée, sans calcul mesquin en n’ayant en tête que le Congo; notre Congo.
Chapeau l’artiste
Quel délice que de se délecter d’un texte aussi bien pensé que profond! Je suis émerveillé! Salut, Choukran l’artiste . L’heure du glas a-t-elle vraiment sonné ? Wait and see. Alea jacta est, a dit Jules César en franchissant le Rubicon.
Je partage le point de vue de Daniel Babel.Je vois mal comment le produit d’ une élection opaque et pas propre (Qu a t il promis ???? à qui ? (ça ce n est pas si difficile à imaginer….) comment donc ce produit pourrait se transformer en Monsieur Propre?