L’étude sur « Les contraintes de l’investissement en République Démocratique du Congo » réalisée par la BAD en 2012 explique la faiblesse des investissements privés par : (i) l’absence d’un environnement favorable à l’initiative privée, notamment la fiscalité, l’insécurité juridique, la qualité relative de la main d’œuvre et le financement des PME ; (ii) l’énorme déficit infrastructurel (transport et énergie) et l’inefficience des services logistiques qui entrainent des surcoûts économiques importants ; (iii) la faiblesse de la gouvernance publique ; et (iv) la faiblesse des institutions de promotion du secteur privé et du dialogue public-privé.
Pour lever ces contraintes, l’étude indique que la mise à niveau des infrastructures et l’amélioration de leur gestion, le renforcement de la formation professionnelle, l’amélioration du financement des PME et la densification et l’institutionnalisation du dialogue entre l’Etat et les représentants du secteur privé, seront cruciaux.
Bien sûr, depuis 2012 il y a eu de nombreuses initiatives, notamment lors de la table ronde sur la PME du 23 au 24 mars 2017, qui était placée sur (sous) le thème de : « La promotion de la PME pour l’émergence de la RDC ». Le président de la FEC de l’époque disait : « Il faut rompre avec ce modèle si commun aux pays africains. La PME est l’une des principales pistes du développement durable de la RDC. Elle permet au pays de consommer localement et constitue de ce fait un pilier de la lutte contre la pauvreté », a affirmé Albert Yuma, président de la Fec.
Qu’en est-il réellement ? Le nombre de PME officiel a-t-il réellement augmenté ? Le financement des Pme a-t-il progressé ?
La République Démocratique du Congo a vu quelques-unes de ces réformes être retenues. Sans être exhaustif, citons entre autres la réduction du taux de l’impôt sur les bénéfices et profits, passé de 35 à 30 %, la réduction du coût de création d’entreprise (pris en compte cette année seulement), l’existence de l’Ordre des architectes, des ingénieurs indiquant un vrai engagement de normalisation de standard opérationnel sur le plan normatif. Il en a résulté le Gain d’une (1) place par rapport à l’année passée D’après le Directeur Général de L’anapi (ANAPI) Anthony Nkinzo.
Les informations énoncée par le directeur général de L’anapi (ANAPI) sont importantes à préciser mais si l’on regarde de plus près, très peu de chose ont changé depuis l’études de la Bad de 2012.
Cette année-là, la République Démocratique du Congo se situait à la 178ième place mondiale sur 183 au Doing Business, tandis qu’aujourd’hui nous sommes 183 sur 190 (soit en ratio 2 places de gagnés en 8 ans).
A contrario la Côte d’Ivoire, le pays qui occupait le 177ième rang mondial en 2012, pointait à la 147ième place en 2015 et désormais à la 110ième place mondiale en 2020.
C’est dans ce contexte que les PME congolaises qui se sont conformés, opèrent dans un environnement où l’accès au financement demeure difficile.
D’après la même étude de la BAD, le crédit des banques commerciales représente 7% du PIB soit l’un des plus bas au monde.
Celles-ci mènent une politique extrêmement prudente, les créances litigieuses ne représentant malgré les difficultés de l’environnement, que 3% des litiges en cours sur le secteur privé. De plus, les crédits octroyés sont dominés par les encours à court terme qui en représentent 66%. Cette réalité est toujours d’actualité.
Sans financement et sous pression fiscale prêt de 600 taxes à payer, absorbant 51 % du chiffre d’affaires, il est indispensable de mettre en place les mécanismes de soutien et de promotion de la PME. Mais pour y parvenir, il faut vaincre la réticence des banques et institutions de microfinance à octroyer les crédits à longue durée et à des taux préférentiels aux PME, au regard des risques importants (fragilité de l’investissement, absence de comptabilité, dossiers bancables mal conçus,etc.)
Il faut pour inciter ces nombreuses PME, non enregistrées, à se conformer à un cadre permettant de pouvoir se développer et non d’imploser et de crouler sous les démarches administratives, ne favorisant pas ainsi les échanges commerciaux et développement des pme et tpe.
La faiblesse de nos échanges commerciaux est pointée toujours selon l’étude de la BAD. Malgré un positionnement géostratégique central dans la région, le pays ne tire pas encore profit des avantages en matière d’intégration régionale. La situation géostratégique de la RDC, avec 9 pays voisins, membre de quatre communautés économiques régionales, lui confère un important rôle à jouer dans la région. En dépit des atouts de ce positionnement et malgré la libéralisation accrue du commerce international, les performances du pays en matière d’intégration commerciale restent faibles, la part de l’Afrique dans les exportations de la RDC représentant, en valeur, moins de 10% du total des échanges du pays.
Le mauvais état des infrastructures portuaires, électriques et d’interconnexions routières, l’inefficacité et le coût élevé des services de transport et les innombrables tracasseries et prélèvements imposés par une multitude d’institutions entravent la réalisation des avantages de l’intégration régionale. Ces obstacles au commerce transfrontalier ont rendu ces échanges les plus lents, les plus onéreux et les plus risqués du continent. Les procédures transfrontalières prennent en moyenne 44 jours pour les exportations et 63 jours pour les importations, soit respectivement 12 et 15 jours de plus que la moyenne des autres pays de l’Afrique subsaharienne. Les coûts moyens par conteneur sont d’environ 3.500 dollars US, bien au-dessus de la moyenne des autres pays du continent.
Ces difficultés relevées par l’étude de la Bad pour le commerce transfrontalier sont de mises pour toutes Pme et entreprises en général en RDC.
Proposition et Appel
L’état devrait se porter garant pour les crédits aux PME car trop peu sont encore financées. Certes, l’opposition pourrait rétorquer à cette affirmation que cette entreprise serwit5trop risquée, du notamment à un trop grand manque d’organisation interne des pme où un renforcement des capacités est nécessaire notamment en comptabilité et finance, voire en management global et stratégie.
Cependant, l’Etat peut être d’une aide importante, même si mes homologues entrepreneurs doivent également se former individuellement car l’augmentation de leurs capacités est directement rattachée à la croissance de leurs entreprises.
Mais quand bien même les compétences seraient au rendez-vous, les taux vertigineux appliqués par les banques, accompagnés des garanties ne favorisant pas l’emprunt bancaire, restent un frein important à la croissance des pme.
Et que dire en cette période, des entrepreneurs qui ont pris le choix de se conformer (et autres ceux dans l’informel aussi d’ailleurs) ? Je loue l’initiative de son Excellence Monsieur le Ministre Nsele, d’avoir instruit la Direction Générale des Impôts d’appliquer des mesures permettant de nous soulager (cf article polico cd).
Mais en ces temps compliqués, les couches les plus vulnérables de la population doivent avoir une attention particulière, n’est-ce pas ? Dans ce cas, les PME et les TPE doivent bénéficier de cette attention car nous sommes la couche la plus vulnérable, et pourtant essentielle, de l’économie.
Qu’est-il prévu pour nous, qui devons continuer à payer des loyers, maintenir des salaires minimums en temps de confinement ? À titre d’exemple, étant propriétaire du Ballers House en ville, je dois m’acquitter d’un loyer de USD 10.000 sans avoir eu la moindre activité depuis plusieurs semaines, sans que cette situation n’émeuve mon bailleur libanais. Et que dire de notre dizaine d’employés au chômage technique ? J’aurais préféré qu’un crédit d’impôt par exemple me permette de les mettre au chômage partiel.
Qu’est-il prévu pour que nous puissions protéger ces emplois et notre investissement après le confinement ? La FPI et l’ANAPI ont-ils prévu de nous aider afin de relancer nos affaires ?
Le doing business et La BAD décrivent le Congo comme un pays où l’investissement est incertain notamment car il y a très peu voir aucune mesure protective. Nous sommes ((potentiellement) le pays le plus riche d’Afrique tout en étant classé 183ième au doing business sur 190 pays. Quel paradoxe !
Tout le monde s’accorde à dire que les PME sont vectrices de développement pour une économie. Ainsi, je me permets de solliciter votre aide, afin de nous aider à devenir cette locomotive pour l’économie Congolaise.
Si vous ne nous financez pas, protégez nous et aidez nous à nous développer. Permettez à cette maman qui vend au coin d’avoir un statut d’auto-entrepreneur lui permettant de cotiser par exemple en vue de lui garantir une couverture sociale. Faites plus d’éducation et de campagne d’information. Car ces pme et tpe representent plus de 2millions d’entreprise qui échappe au contrôle de l’etat.
Votre Excellence Monsieur le Ministre Sele, Votre Excellence Monsieur Tshisekedi Chef de l’état, entendez nos appels à l’aide afin que nous continuons à croire qu’un rêve entrepreneuriale Congolais est possible, que cette place gagnée au doing business mais aussi que ces actes forts pour une meilleure gouvernance via des procès actuellement en cours d’instruction juridique ne sont pas que des coups d’épée dans l’eau mais une réelle embellie pour les affaires en RDC.
YACINE-BEN FYLLA
Entrepreneur congolais