En RDC, les tensions qui ont caractérisé les relations entre l’état congolais et l’Église Catholique, semblent aplanies. Depuis l’investiture de l’actuelle équipe de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), les deux camps en présence ont brillé par le désaccord sur le processus ayant conduit à la mise en place des nouveaux animateurs de la centrale électorale.
Au regard de l’évolution de la situation, tout porte à croire que l’Église Catholique et le régime Tshisekedi, s’engagent à fumer le callumet de paix.
Désormais, les princes de l’Église et les tenants du régime Tshisekedi, ont visiblement choisi d’oublier leur différend et de regarder dans la même direction, notamment en matière du processus électoral, jadis nœud du problème entre les deux camps.
En effet, le Président de la République, Félix Tshisekedi a reçu le vendredi 26 novembre, les Évêques catholiques membres du conseil permanent de la conférence épiscopale nationale du congo (CENCO). Bien évidemment, l’État et l’église catholique représentés, ont parlé du processus électoral.
A l’issue de cette rencontre, il a été rapporté à la presse, qu’il y a une étape qui a déjà été franchie, faisant allusion à l’investiture de Denis Kadima Kazadi comme Président de la CENI.
« Le processus électoral est une dynamique. Il y a une étape qui a déjà été franchie. Il y a un temps pour tout. Un temps pour réfléchir; Un temps pour se quereller, Un temps pour se concerter; Un temps pour être réaliste et prendre des décisions. L’important, c’est d’aller de l’avant », a déclaré Monseigneur Marcel Utembi, Président de la CENCO au sortir des échanges avec le Président Félix Tshisekedi.
FATSHI, le stratège ?
Depuis le début de la crise née à la suite de la persistance des désaccords entre les confessions religieuses autour de la désignation d’un candidat consensuel à la présidence de la CENI, le Président de la CENCO Marcel Utembi et celui de l’Église du Christ au Congo (ECC) Docteur André Bokundua, avaient saisi la présidence de la République, dans le but de rencontrer le Chef de l’État « urgemment ».
Catholiques et Protestants, souhaitaient discuter avec le Président de la République sur le « blocage » constaté dans le processus de désignation de leurs délégués au sein de la CENI, et solliciter son « arbitrage », comme c’est fût le cas de Ronsard Malonda.
Ces deux confessions religieuses que constituent les catholiques et les protestants, disaient n’avoir aucun problème particulier avec Denis Kadima, candidat de l’église Kimbaguiste.
Le seul bémol, dénonçaient-elles, c’est des pressions politiques qu’elles ont subi sur le choix unique de Kadima qu’on voudrait leur imposer. « Nous n’avons rien contre Kadima, c’est un compatriote avec expertise. Mais on ne peut accepter qu’on fasse pression sur nous en disant c’est Kadima ou rien», avaient soutenu les leaders de ces deux confessions religieuses.
Ils ont essayé, mais en vain, car le Président Tshisekedi a catégoriquement refusé de les recevoir. D’ailleurs, le Chef de l’État l’a affirmé lors d’une interview accordée à la Voix d’Amérique en septembre dernier.
C’est seulement après pression suite aux manifestations du « bloc patriotique » réunies autour des laïcs catholiques et protestants, que le Chef de l’état décidera dans un premier temps d’envoyer ses émissaires pour une mission d’apaisement auprès des catholiques et protestants.
Oublier Kadima pour déclancher le plan B?
L’étape Kadima est déjà consommée, admettent les évêques de la CENCO. Cependant, l’Église Catholique n’a pas l’intention de laisser au régime Tshisekedi le champ libre, dans la gestion du processus électoral. Elle prévoit notamment de renforcer le mécanisme de suivi du processus par les missions d’observation électorale.
« Nous avons d’autres éléments de ce processus électoral qui nous engage, nous l’église, l’État et d’autres partenaires comme par exemple, l’éducation civique Électorale, il y a aussi la mission d’observation électorale qui viendra. Mais, il ne faut pas attendre 2023 pour en parler; ce mécanisme doit être déclenché des aujourd’hui (…). Donc, ce sont là les points autour desquels nous pouvons fédérer, mutualiser nos forces pour aller de l’avant, afin d’atteindre cet objectif qui consiste à assurer le bien-être du peuple congolais et à choisir des personnes idoines, qui seront en mesure de répondre aux différents problèmes du peuple congolais », a précisé le Président de la CENCO.
Collaborer pour servir le peuple
« Nous sommes appelés à collaborer et à travailler ensemble, les temporels, les politiques, les religieux, tous nous devons conjuguer les efforts pour servir le peuple qui doit être le centre de notre préoccupation », tel est le nouveau leitmotiv de l’Église catholique. Pourtant, il y a quelques semaines, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa, le Cardinal Fridolin Ambongo, avait fait savoir lors d’une interview accordée à Jeune Afrique, que l’église catholique était prête à mobiliser la rue pour combattre contre tout pouvoir qui agirait en défaveur de la population.
le Cardinal Fridolin Ambongo avait rappelé que le combat mené autrefois contre le régime de l’ancien Président Joseph Kabila, a été fait pour l’intérêt du peuple et non pour un quelconque parti politique.
« Je ne regrette rien. Nous avons agi comme pasteurs, pour l’intérêt de notre peuple. J’ajoute que nous n’avons pas mobilisé la rue pour les beaux yeux d’un parti : nous l’avons fait pour le bien de notre peuple, qui avait exprimé son ras-le-bol. Et si, aujourd’hui, le peuple se retrouve dans la même situation qu’autrefois, nous reprendrons le combat », avait déclaré le Cardinal Ambongo.
Par ailleurs, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa, a prévalu que: « Nous savons que toute prise de position de l’Église entraîne des critiques d’un camp ou de l’autre. Hier, on nous accusait de soutenir l’opposition en général, et l’UDPS en particulier. Ceux qui nous critiquent aujourd’hui; sont ceux dont nous avons été accusé de soutenir à l’époque. » Et d’ajouter: « C’est malheureux, que lorsque qu’on est au pouvoir au Congo, on n’aime pas les voix discordantes », a-t-il déploré.
Après des intenses tensions suivies des missions d’apaisement, l’État et l’église sont prêts à repartir sur des nouvelles bases.