En février dernier, dans une série des réquisitions envoyées aux différentes institutions, la justice congolaise a officiellement lancé des enquêtes autour de l’exécution du programme de 100 jours du président Félix Tshisekedi, alors qu’une vive polémique gagnait le pays, sur fond de soupçons de détournement. La justice congolaise a annoncé l’ouverture d’une instruction sur l’utilisation des fonds alloués à l’exécution de ces travaux. Cette instruction judiciaire a été lancée par le parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete. Le procureur de Kinshasa/Matete, Adler Kisula a demandé au vice-Premier ministre et ministre du Budget, Jean Baudouin Mayo Manbeke, de lui transmettre les copies de tous les bons d’engagement établis en faveur des sociétés exécutant les travaux de 100 jours ainsi que les numéros de dossiers relatifs en urgence.
Le ministre des Finances, José Sele Yalaghuli, a été prié de transmettre les copies des ordres de paiements informatisés et/ou toutes les lettres de paiements d’urgence établies en faveur de toutes les entreprises retenues. Il doit également transmettre l’exécution du plan de trésorerie et de décaissement de fonds en faveur de ces entreprises.
Rapidement, des convocations vont être envoyées aux patrons des sociétés qui exécutent les travaux du programme d’urgence de 100 jours. David Blattner, directeur général de la société Safricas est retenu à l’issue de son audition le 19 février. « Il lui est reproché sa mauvaise gestion (…). Est-ce que ce sont des détournements ? Est-ce que ce sont des abus de confiance ? C’est le juge qui va le déterminer », expliqué le ministre de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende.
Le 24 février, Jammal Samih, patron des sociétés Samibo SARL et Husmal SARL, passe à l’attrape. Etrangement, le libanais n’était pas concerné par les sauts-de-mouton. Le 27 février, le directeur général de l’office des routes (OR), Mutima Sakrini est arrêté et placé en détention préventive à la prison de Makala comme les autres. Ils seront suivis de Benjamin Wenga, Directeur Général de l’Office des Voiries et Drainage (OVD) et surtout du Directeur général de la Rawbank, Thierry Taeymans.
« Au moins deux autres procès arrivent »
Le 08 avril à Kinshasa, Vital Kamerhe, directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, est arrêté à l’issue d’une longue audition. Le lendemain, c’est Fulgence Lobota Bamaros, Directeur Général du Fonds national d’entretien routier (FONER), qui sera à son tour arrêté. A Goma, le Directeur général de la société Sococ, Modeste Makabuza, est à son tour arrêté.
Le procureur Kisula a pu établir un premier dossier autour de Vital Kamerhe, Jammal Samih et Jeannot Muhima, envenyant dans la foulée le dossier au Parquet de Kinshasa/Gombe où le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi a été inculpé. Entre-temps, toujours dans le cadre des enquêtes autour du programme de 100 jours, John Ntumba, ancien Conseiller à la présidence et membre de la cellule de coordination du programme, devenu ministre de la Formation professionnelle, est ciblé par la justice congolaise. Le procureur général près la Cour de Cassation a écrit au Premier ministre lui notifiant d’une prochaine audition du ministre.
Dans le dossier concernant les sauts-de-mouton, David Blattner, Directeur général de SAFRICAS, est officiellement inculpé par la justice congolaise. L’homme d’affaires américain est poursuivi pour détournement de plusieurs millions de dollars et attend bientôt son procès. Selon des sources judiciaires, un autre procès arrive dans le cadre de ce programme de 100 jours.
Fulgence Bamaros de son côté, attend toujours l’aboutissement des enquêtes. Il est détenu provisoirement à Makala, mais sa détention, fixée à 15 jours, arrive bientôt à sa fin. Dans ce dossier, le Ministre des Travaux publics au lancement du programme de 100 jours en 2019, Thomas Luhaka, devenu ministre de l’Enseignement Supérieur, a été également auditionné par la justice congolaise. Il n’a pas été poursuivi.
Les parquets de Kinshasa/Gombe et Kinshasa/Matete « continuent les enquêtes », affirment plusieurs sources. En outre, au niveau du procès de Vital Kamerhe, il n’est pas à écarter que d’autres personnes soient épinglés tout au long du procès.