L’intervention de la Communauté de Développement des Pays d’Afrique Australe (SADC) dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) représente un tournant majeur dans le conflit qui oppose le gouvernement congolais aux rebelles du M23, appuyés sans équivoque par le Rwanda. La force SAMIDRC, déployée aux côtés de l’armée congolaise, incarne l’engagement ferme de la SADC à restaurer la paix dans une région déchirée par les affrontements.
Face à cette solidarité régionale, le président rwandais Paul Kagame montre des signes évidents d’inquiétude. Le Rwanda a récemment entrepris de convaincre l’ONU et d’autres organismes internationaux de retirer leur soutien à cette mission de pacification, une manœuvre révélatrice de son soutien au M23 et de son désir de garder un pied dans l’Est congolais.
Le conflit a pris une tournure plus dramatique lorsque le M23, renforcé par des troupes rwandaises, a lancé des offensives contre les positions de la SADC, notamment à SAKE, où deux soldats sud-africains ont été tragiquement tués. Cette agression souligne la détermination du M23 à repousser l’avance de la SADC, rappelant l’intervention réussie de cette dernière en 2013 qui avait vu la défaite du M23 à Goma. Un souvenir amer pour Kigali, rappelé par l’avertissement d’un commandant sud-africain: « vous ne verrez plus Goma », marquant une victoire significative contre les ambitions rwandaises.
Paul Kagame, dans une tentative de contrer l’influence croissante de la SADC, alterne entre une diplomatie agressive et le soutien à des opérations militaires discrètes. Sa stratégie de communication, tentant de dépeindre la RDC et ses alliés comme des fauteurs de troubles, vise à diviser la coalition régionale et à protéger les intérêts du Rwanda dans le Kivu. Toutefois, cette approche se heurte à la détermination de la SADC et au soutien international à la souveraineté de la RDC, mettant en lumière les contradictions dans le discours de Kagame qui se présente comme un défenseur de la paix tout en soutenant le M23.
Kagame exacerbe
L’inquiétude de Kagame est palpable, notamment face aux possibles répétitions de l’échec militaire de 2013. Avec la SADC renforcée et déterminée, le Rwanda se trouve dans une position délicate, ses manœuvres étant scrutées par une communauté internationale de plus en plus sceptique à l’égard de ses intentions. La situation dans l’Est de la RDC reste un enjeu majeur pour la stabilité régionale, où le soutien inébranlable de la SADC à la souveraineté et à l’intégrité territoriale congolaise pourrait bien redéfinir les rapports de force en faveur de la paix et de la sécurité.
Au sein de la SADC, plusieurs pays clés constituent une menace directe pour Paul Kagame, exacerbés par ses relations tendues avec ses voisins. Parmi eux, la Tanzanie et l’Afrique du Sud se distinguent particulièrement. La Tanzanie, avec son armée puissante, a déjà exprimé son agacement face aux actions de Kagame, signalant une patience limitée envers sa politique régionale.
L’Afrique du Sud, de son côté, entretient une relation complexe et souvent conflictuelle avec le Rwanda. Cette tension a été amplifiée par les assassinats d’opposants rwandais sur le sol sud-africain, des actes qui ont soulevé de vives critiques internationales et exacerbé la méfiance entre Pretoria et Kigali. Ces incidents ont non seulement détérioré les relations diplomatiques mais ont également positionné l’Afrique du Sud en opposition ferme à la gouvernance de Kagame, marquant un clivage profond qui influence la dynamique au sein de la SADC.
En s’aliénant des nations clés comme l’Ouganda et le Burundi, Kagame s’isole davantage sur la scène régionale, ce qui rend la coopération de la SADC avec la RDC encore plus significative. Le soutien de la SADC à la RDC dans sa lutte contre le M23, et par extension contre l’influence rwandaise, est donc un développement majeur qui met Kagame dans une position délicate, confronté non seulement à la puissance militaire de ses voisins mais aussi à leur volonté politique de contester son autorité.