Loin des « Kabila doit partir », ou encore « nous n’allons pas nous laisser faire » répétés durant tout le mois de décembre 2016, Joseph Kabila est toujours au pouvoir en République démocratique du Congo. Et alors qu’il a semblé négocier cette prolongation avec les opposants, tantôt ceux dirigés par Vital Kamerhe, ou plus tard avec ceux emmenés par Étienne Tshisekedi, le fils de Mzee Laurent-Désiré Kabila a réussi, à la manière d’un Harry Houdini, a faire disparaitre son éléphant d’une salle remplie de monde.
En effet, l’accord signé le 31 décembre dernier stipulait clairement que le Président congolais et sa famille politique d’un côté, devraient partager la gestion du pays avec les opposants, principalement ceux du Rassemblement, et quitter le pouvoir après les élections qui seront organisées à la fin de l’année 2017. Les modalités de cette attente devraient ainsi être fixées dans un arrangement particulier qu’il aura fallu parapher dans la première semaine après la signature de l’accord.
Mais voilà, l’histoire était trop bonne pour être vraie. Comme souvent depuis son arrivée à la tête du pays, à l’âge de 29 ans et à la suite de l’assassinat de son père, Joseph Kabila a été sous-estimé par une opposition pléthorique, pressée d’en finir. Originaire à la fois du Katanga et du Kivu, un peuple qui a fait de la ruse un mode de vie, habitué à camper sur des collines, parlant peu, écoutant beaucoup; regardant leurs adversaires sur les pleines…jusqu’à bondir sur eux, comme un véritable léopard…. Kabila a préparé lentement et sûrement sa fine stratégie, basée sur le débauchage des opposants, avec beaucoup d’attentisme, couronnée de matoiserie profonde.
OPA sur Limete
Dès l’aube de la signature, la Majorité Présidentielle allait étrangement traîné le pied dans des discussions invraisemblables autour de l’arrangement particulier. On signe sous réserve, on interprète autrement l’accord… les brillants généraux Kabilistes ont joué leur partition à la perfection. Tandis que de l’autre côté, à Limete, se regroupait derrière un Étienne Tshisekedi affaibli par le poids des années et visiblement à la fin de sa digne course, un groupe d’hommes et femmes qui n’aura même pas eu le temps de s’auto-évaluer les ambitions.
Le temps, l’autre nom de Dieu, maître de tout et qui ne s’arrête pas, poursuit son court. Seul Kabila le suit. Au 1er février, Étienne Tshisekedi jette l’éponge. à 84 ans, dont la quasi-moitié à défier des pouvoirs, au service de son peuple qu’il a tant aimé. Le baobab de Kananga n’aura toutefois pas un heureux repos, qu’il a pourtant mérité. Désemparé, son fils tente bien que mal à atteindre la barre très hautement placée par le paternel, se retrouve coincé dans l’engrenage du pouvoir, à monnayer la dépouille du père.
Un clin d’oeil, nous sommes à la fin du mois de février. Et Claudel Lubaya avec son compte Twitter et ses déclarations chocs commencent à peine à se rendre compte de la situation. Kabila ne laissera pas faire. Ni la prise en otage de la dépouille du Sphinx, encore moins les communiqués de la Communauté internationale lui empêcheront de jouer sa partition finale: celle des OPA et mercato politique au sein de l’opposition.
En effet, conviction n’est pas du tout congolaise. Lumumba le sait, Kabila aussi. Le premier transfert non officiel s’enclenche dans la salle à manger même de Moïse Katumbi. Son bien heureux frère aîné, Raphaël Katebe Katoto se met tout à coup à croire que c’est lui le candidat du Rassemblement à la Primature… après lui, comme un effet de domino, Joseph Olenghankoy, jamais élu, prétend remplacé Étienne Tshisekedi. Il traîne dans son ruissellement Bruno Tshibala, Gilbert Kiakwama et même Roger Lumbala pour qui on venait pourtant d’obtenir à peine un retour au pays, dans le cadre des mesures de décrispation: les opposants ont visiblement décrispé un homme qui ne l’était pas.
Kabila: moi, le Chef!
Certes, on ne doit pas se perdre. Les prêtres catholiques non plus. Ils décident de jeter l’éponge, plongeant tout le monde dans l’inconnue… sauf Joseph Kabila. Rappellez-vous, c’est le président qui aura recours à eux en novembre dernier pour nous faire avaler la pilule du Camp Tshatshi…
Ainsi, un accord et trois mois plus tard, Joseph Kabila devient l’arbitre d’une crise qui a commencé suite à son non-départ du pouvoir. »Un Premier ministre sera nommé dans les 48 heures« , l’assistance exulte. Du haut de la tribune du Congrès convoqué ce mercredi à Kinshasa, le Chef de l’Etat a sonné la fin de la récréation. Superman. Sauveur. Héros national. Le président a mis son costume d’Homme d’Etat pour décanter la situation, alors que les Félix Tshisekedi et les Lambert Mende se querellaient. Il tape du poing sur la table, il distribue des points. Au Rassemblement, il appelle à se ressaisir, à s’unir… c’est un ordre! La situation dans le Kasaï? C’est juste une petite querelle. Le Franc congolais devrait se réveiller de son sommeil. Tout va aller pour le mieux… dites amen!
Dans 48 heures donc, Valentin Mubake qui vient de garnir le rang du mercato pro-pouvoir et Félix Tshisekedi même auront la zapette sur la RTNC, dans l’attente du vieux Mukaleng Makal: va-t-il cité mon nom? Voilà comment une lutte pour l’alternance démocratique se transforme à celle pour la survie politique, dépouillée de tout honneur, même contre ceux qui nous sont proches. L’agonie d’un peuple est ainsi amplifiée par des hommes sans scrupules qui n’hésitent pas à sacrifier leurs âmes pour quelques minutes de gloire. A l’image d’un Samy Badibanga belge, promettant de sortir le pays de la misère, s’oubliant être là que pour quelques minutes. Laissez-moi admirez Kabila: je lui déclare mon syndrome de stockholm.
SOPOLITICO,
par LITSANI CHOUKRAN,
Le Fondé.
4 commentaires
un presidant couyon imbecil dictateur
Chaque chose a un début et une fin, ça va finir, il n’ ya du nouveau dans ce monde, un jour toutes ces ruses arriveront à leur terme.
Je suppose que vous vouliez noter « rênes » et non « règnes »; consultez vos dictionnaires s’il vous plaît. Par ailleurs, vous l’avez si bien écrit: « le Temps, l’autre nom de Dieu ». Oui, attendons voir
Je suis très scandalisé par votre dernière phrase: « Laissez-moi admirez Kabila: je lui déclare mon syndrome de stockholm. » Vous avez le culot d’admirez un Monsieur qui fait souffrir le Congolais! Je me demande si vous êtes vraiment congolais. Le temps finira par triomphe de votre admiré, n’en déplaise à votre ADMIRATION.