Han est un mot d’origine sino-coréenne, qui est d’autant plus difficile à traduire que les langues orientales ont une capacité de rendre les émotions bien plus grande que nos langues occidentales. On peut dire en simplifiant qu’il s’agit d’un mélange de regret, de rancœur, d’amertume, et même de nostalgie, que l’on ressent après des sacrifices et des efforts non récompensés, des attentes déçues, ou encore des rêves évanouis.
Le han est un sentiment d’amertume qui n’est pas violent et pas nécessairement l’expression du désespoir, mais plutôt une douce révolte contre la fatalité et l’impuissance.
La Corée comme la République démocratique du Congo, ont une histoire lourde des tragédies. Depuis sa fondation lointaine, la Corée a subi 934 invasions, mais les plus éprouvantes ont été celles du Japon dans l’histoire récente du pays. L’assassinat de la reine Ming par les services secrets japonais en 1895 est vécu par les Coréens comme le plus terrible des drames nationaux, car cette femme était adorée par son peuple. Cet assassinat est le prélude de la terrible annexion de la Corée par le Japon entre 1905 et 1945.
Pendant ces 40 ans d’occupation japonaise le peuple coréen subi des sévices physiques et des humiliations morales horribles. Le Japon oblige la Corée à adopter la langue japonaise, à se convertir au shintoïsme et à adorer l’Empereur. Mais le pire réside certainement dans la prostitution forcée de nombreuses femmes coréennes au « service » des soldats japonais. Quand on connaît le sens de l’honneur et la pudeur des femmes d’Asie, on imagine la profondeur du traumatisme engendré par une telle exaction.
De ce qui précède, les leçons à tirer sont énormes. Il ne sera pas plus important de rappeler les multiples sévices vécus par le peuple congolais tant depuis l’époque coloniale, qu’avec les assassinats de nos héros — Patrice Emery Lumumba dont on ne retrouvera même pas la dépouille, ou encore trois décennies de dictatures, pour aboutir par une série d’agression et de pillages de nos ressources, aux millions de victimes civiles: nos frères et soeurs massacrés, ravagés et abattus délibérément.
Des siècles de souffrance laissent à présent un Han, un sentiment de révolte où même la résignation n’est plus naturellement une option. Pour la première fois, aucune génération sur les majestueuses terres du Congo n’être prête à accepter la fatalité. Nous luttons, les uns avec les autres, les uns contre les autres, pour l’explosion d’une nouvelle nation.
Alors que cette année s’achève dans la douleur, j’en appelle à chacun de méditer sur les efforts, de se remettre en question et, surtout, ne de pas abandonner la lutte.
N’abandonnez pas la lutte! N’abandonnons pas le Congo! l faut se concentrer sur ce qu’il nous reste et non sur ce qu’on a perdu. Car c’est dans les moments les plus sombres qu’on voit le mieux les étoiles. Souvenez-vous, les avions décollent toujours face au vent.
Bonne année à tous.
Litsani Choukran,
Le Fondé.