Pendant que la Nation entière fait face à une énième agression rwandaise maquillée en rébellion et qui menace l’existence de notre Etat, les paroles prononcées par le Cardinal Ambongo se détachent, créant une onde de choc au sein de la conscience collective.
Sa récente prise de position, perçue comme une légitimation de l’engagement dans les factions militaires insurrectionnelles, ébranle profondément les fondations éthiques et morales sur lesquelles repose notre société. Cette analogie troublante du pays à un « gâteau » symbolisant un bien à se disputer, trahit une méconnaissance alarmante des véritables enjeux qui régissent les conflits dévastateurs de l’est du Congo.
L’est de notre pays, riche en ressources mais tragiquement marqué par des décennies de violences, illustre un chapitre sombre de notre histoire récente. Les guerres d’agression qui ont déferlé sur cette région ont été caractérisées par des actes d’une brutalité inouïe: des villages entiers rasés, des familles déchirées par la violence, des femmes et des enfants victimes d’atrocités inimaginables. La cupidité pour les ressources minérales, véritables malédictions déguisées en bénédiction, a alimenté des cycles interminables de violence, faisant de cette terre un échiquier sur lequel des puissances étrangères et locales jouent une partie macabre, sans égard pour la vie humaine.
Face à une telle réalité, l’attitude du Cardinal Ambongo, figure de proue spirituelle et morale, suscite une profonde déception. L’heure devrait être à la condamnation ferme de toute forme de violence et à la promotion de la paix et de la réconciliation, plutôt qu’à des discours qui pourraient être interprétés comme une forme de soutien aux factions armées. Ce n’est pas en fragmentant davantage notre tissu social, déjà mis à rude épreuve, que nous trouverons les chemins de la résilience et de la reconstruction.
L’histoire du Congo, jalonnée de luttes et de sacrifices depuis les élections de 2006, nous enseigne la valeur de la démocratie et le prix de la stabilité. Chaque pas vers la réconciliation et chaque effort pour préserver les acquis démocratiques doivent être vus comme sacrés. Il est inconcevable de justifier le recours aux armes comme solution aux divergences politiques ou idéologiques. La résolution des conflits par le dialogue et la compréhension mutuelle doit prévaloir sur la violence.
Le Congo se trouve à un carrefour crucial de son histoire. Il est impératif de rejeter toute forme de division et de résister aux sirènes de l’opportunisme qui ne visent qu’à plonger le pays dans un chaos plus profond. La grandeur de notre nation réside dans sa capacité à transcender les divisions pour forger un destin commun, fondé sur la justice, l’égalité et le respect de la dignité humaine.
En ces temps incertains, la voie vers la paix et la prospérité du Congo est pavée d’unité, de dialogue et d’un engagement renouvelé envers les principes de la démocratie. Puissions-nous, en tant que nation, reconnaître la gravité de notre situation et choisir collectivement un avenir où le Congo ne sera plus synonyme de conflit, mais de cohésion; non plus un terrain de jeu pour des ambitions destructrices, mais un modèle de réconciliation et de progrès. Que chaque voix, chaque action, contribue à la construction d’une République Démocratique du Congo unie, pacifique et florissante, digne des aspirations profondes de son peuple.
Que le Cardinal cher à notre Église puisse se ressaisir et retrouver sa véritable mission qui est d’aider à l’édification de notre société par le dialogue, loin de toute accointance qui rendrait avide et aveugle.
Bonne fête de Pâques à tous.