Joseph Kabila n’était pas arrivé en fin de cycle. Au contraire, il n’en voulait plus. Il ne pouvait plus. Il savait pertinemment que rien de bon ne pouvait émaner de son pouvoir. « Je mets ma main à couper que le Président Tshisekedi n’arrivera à rien avec la classe politique qui l’entoure », m’avait-il confié à Kashamata en 2021.
L’ancien président prononça ensuite le mot « révolution », bouclant ainsi son diagnostic sur la déliquescence du Congo. Selon lui, la solution résidait dans un renversement total. Cependant, il ne pouvait pas se dédouaner. Ses péchés, impardonnables, ont contribué à enfoncer le Congo dans les abîmes. Et son manque de repentance n’augure aucune perspective nouvelle.
Pour autant, cinq ans après son départ, il est temps de laisser Kabila tranquille et de juger les actions de son successeur. Le Président Félix Tshisekedi, dans son exercice du pouvoir, incarne malgré lui la confirmation du constat de Kabila. Quand on observe l’état de ce pays, même si quelques rares aspects positifs émergent, nul, à moins d’être divin, ne pourra prophétiser un avenir meilleur.
Le lendemain de la réélection tonitruante — mais ultime chance pour ce pays — du président Tshisekedi a été assombri par la continuité de l’activité décadente de l’Union Sacrée, au point de mettre fin aujourd’hui à tout espoir de changement. Pessimiste certes, mais motivé par la raison. Ni la formation du gouvernement qui traîne, ni même le spectacle désolant à l’Assemblée nationale, ne sont de nature à contredire cette vision. Bien au contraire, ceci prouve que le Président, malgré la plus grande volonté du monde, n’a que peu de marge face à cette classe politique vomie par Kabila.
Mon raisonnement a toujours été décrié, car il semblerait dédouaner le président. Mais ce n’est pas le débat du jour. Parlons plutôt de la solution ultime. Il faut se rendre à l’évidence : l’organisation de ce pays, dans ses structures et ses fonctionnements, a montré ses limites et nous ne pouvons pas continuer ainsi. Certains rêvent en prétendant qu’il y aurait de meilleurs hommes que ceux de l’USN capables de faire autrement avec le même système politique. Mais c’est utopique. Il est temps de reformuler les règles en fonction de la réalité : les hommes et les femmes de ce pays sont une espèce particulière, et il faut mettre en place des règles particulières pour les contraindre.
Il est question d’écrire une nouvelle constitution, d’y ajouter, noir sur blanc, que FATSHI ne sera plus président après 2028. Une fois que ceux qui aiment le débat de surface seront apaisés, il faudra alors que ceux qui cherchent la profondeur puissent s’attaquer au véritable problème : comment contraindre même le diable à bien gérer la chose publique en RDC. Nous devons par contre sérieusement réfléchir, débattre, et aboutir à de nouvelles règles et de manière démocratique. Ensuite, le même questionnement : comment contraindre l’homme congolais à être un bon citoyen ? Et enfin, comment contraindre nos partenaires étrangers à être de bons partenaires pour notre pays ?
Je n’ai pas de solution, mais je pense sincèrement que si nous écartons les postures et les suspicions, nous sommes devant une situation catastrophique qui mérite qu’on s’arrête pour réfléchir. Nous ne devons écarter aucune possibilité. Sauf bien sûr celle des armes, du coup d’Etat. Sauf la pseudo-solution prônée par Nangaa et ses supplétifs de Kagame. Des options qui ont semblé séduire plus d’un dans ce pays, surtout du côté de la CENCO. Par rancoeur et colère, nous osons prétendre qu’un renversement des institutions serait alors une solution. Sauf que le chaos a toujours engendré soi-même.
Je considère toujours le président Tshisekedi comme l’acteur majeur de ce changement à venir. Puissions-nous seulement nous battre, chacun, à sa manière, afin de l’aider à jouer le rôle catalyseur de l’électrochoc dont ce pays a besoin. S’il pouvait lire ces quelques lignes, le Président saurait que les petites mesures à la « tindika tia cale » ne pourront pas aider ce pays à changer. Plus rien de bon ne peut sortir de ce Nazareth. Il faut une vraie révolution et qu’il aura toujours notre soutien pour la mener.
Litsani Choukran,
Le Fondé.