Un mélange de ses affaires personnelles à la diplomatie. C’est en tout cas ce qui est reproché à Peter J. Pham, ancien Envoyé spécial des Etats-Unis dans la Région des Lacs. L’affaire date déjà de 2019. En Janvier, le sénateur américain Cory Booker, membre de la commission sénatoriale des relations étrangères et haut démocrate du sous-comité sur l’Afrique, avait envoyé une lettre à Mike Pompeo, le Secrétaire d’Etat de l’époque, exprimant ses préoccupations concernant un probable conflit d’intérêts par Peter Pham, alors en charge de la région des Grands Lacs d’Afrique. Les préoccupations du sénateur Booker concernaient le maintien de l’emploi de Peter Pham à l’Atlantic Council, un groupe de réflexion où M. Pham était vice-président pour la recherche et les initiatives régionales et directeur du Centre Afrique.
« En effet, l’Atlantic Council accepte les contributions de divers donateurs, notamment des gouvernements étrangers, des sociétés et des particuliers, ce qui sous-entend que Peter Pham pourrait être sous influence de ces donateurs, à qui il devra une infinie reconnaissance… », avait dénoncé le Sénateur américain dans sa lettre consultée par POLITICO.CD. Rappelons qu’une clause de la constitution américaine interdit aux personnes occupant des emplois publics d’accepter de l’argent de gouvernements étrangers. Or, Peter Pham avait pris part à une conférence de l’Atlantic Council au Maroc, parrainée et financée par l’Office Chérifien des Phosphates propriété du Roi Mohamed VI, alors qu’il aurait dû se trouver au même moment en République Démocratique du Congo, où se tenaient les élections tant attendues de Décembre 2018.
La Diplomatie américaine s’en sépare
Il s’agit d’une entorse à sa mission et à son engagement dans la région des Grands Lacs, pour lesquels il a été mandaté par l’Administration américaine, que dénonce Cory Booker, tout en demandant à l’Administration américaine si l’emploie de Pham en tant que Diplomate américain a pris en considération ses revenus financiers et si son poste au Conseil de l’Atlantique respectait l’accord d’éthique du Département d’État ! « Le peuple américain mérite de savoir si ses diplomates servent les intérêts américains – et non ceux des gouvernements ou des sociétés étrangères« , pouvait-on lire dans la lettre du Sénateur Booker. « La région des Grands Lacs est une zone cruciale et stratégique du continent africain et elle mérite l’attention d’un diplomate chevronné qui se consacre à soutenir activement sa paix et sa stabilité à long terme. En outre, en effectuant une surveillance rigoureuse des ressources privées dans le domaine de la diplomatie, nous pensons que les pratiques de rémunération en jeu comme dans celles soulevées par l’emploi simultané du Dr Pham n’ont pas leur place dans la politique étrangère américaine.’’, poursuit le sénateur Cory Booker dans sa lettre.
Peter J. Pham ne survivra pas longtemps. À la suite de ces révélations, son mandant d’Envoyé spécial des États-Unis dans la région du Sahel ne sera pas renouvelé. Par ailleurs, il n’est plus diplomate américain, recouvrant finalement ses fonctions au sein du groupe Atlantic Council et reprenant le chemin des affaires. En effet, en juin 2021, l’opérateur de téléphonie mobile Africell a annoncé la nomination Peter J. Pham au Conseil d’Administration du Groupe. « Cette nomination renforce la stratégie d’expansion d’Africell et renforce le statut de l’entreprise en tant que premier opérateur de réseau mobile détenu par les États-Unis en Afrique », explique le groupe dans un communiqué.
Africell exploite actuellement des réseaux de télécommunications en République démocratique du Congo, en Sierra Leone, en Gambie et en Ouganda. En février 2021, Africell a remporté un appel d’offres international pour le lancement d’un nouveau réseau en Angola. « Nous sommes ravis d’accueillir l’ambassadeur Pham chez Africell. Il est un expert de premier plan sur l’Afrique et apporte un mélange unique d’expérience de son éminente carrière universitaire et de sa position en tant que décideur américain influent axé sur l’Afrique. La nomination de l’ambassadeur Pham au conseil d’administration d’Africell témoigne de l’ampleur de nos ambitions, et nous attendons de sa réputation, de son expertise et de son réseau impressionnants en Afrique qu’il aide notre entreprise à tirer parti des opportunités de croissance extraordinaires qui émergent en Angola et sur nos autres marchés », affirme Ziad Dalloul, Président-directeur général d’Africell.
Employé chez Africell
De son côté, Peter Pham est également dithyrambique pour sa nomination. « Africell est à la pointe du secteur des télécommunications en Afrique. Mon expérience de service en Afrique me dit que c’est un continent dans lequel il vaut la peine d’investir – et je crois que le développement de son secteur privé est essentiel pour libérer son énorme potentiel. Je suis heureux de rejoindre le conseil d’administration du groupe Africell car cela a prouvé qu’il s’agit d’une entreprise qui a un impact positif à long terme non seulement sur ses clients directs, mais aussi sur les communautés et les sociétés au sens large dans lesquelles elle travaille », dit-il.
Peter Pham endossant son costume d’homme d’affaires, ne laisse pourtant autant pas l’activité politique au sein d’Atlantic Council. Il continue de participer à des événements et commenter même l’actualité, surtout congolaise. L’ancien diplomate américain s’est même offert un échange virulent avec Zhu Jing, l’ambassadeur de Chine en RDC, tentant d’affirmer que seules les sociétés chinoises sont épinglées dans la violation des droits d’exploitation minière en RDC. « Parmi les entreprises minières soupçonnées d’exploitation illégale au Sud-Kivu, il y a au moins une entreprise américaine », a affirmé l’ambassadeur de Chine en RDC. Et Zhu Jing de se demander « est-ce que les administrations américaines vont aussi prendre des sanctions comme le font les administrations chinoises? ».
Après cet épisode, Peter Pham réendosse son costume d’homme d’affaires. Il est, cette fois, en visite auprès du Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, une délégation de la d’Africell, conduite par son Fondateur et Directeur général, Ijad Dalloul. « Nous sommes ici parce que nous sommes en train de faire une énorme expansion de notre réseau, surtout dans l’Est du pays. Mais aussi, cette année, à Kikwit et Bandundu ainsi qu’au Kasaï. Et, dans quelques jours, on va à Goma et à Lubumbashi pour voir ce qu’on peut faire dans l’Est. Nous allons doubler la taille dudit réseau ici au Congo, », explique Ian Paterson, l’un des membres de la délégation, sous le regard bien veillant de Peter Pham. « De plus, nous étions ici aujourd’hui pour présenter quelques amis auprès du Premier Ministre, dont l’Ambassadeur Peter Pham pour montrer les liens entre les Etats-Unis et la République démocratique du Congo. Africell est une société américaine. On a des investisseurs américains qui incluent le Gouvernement. C’était un plaisir d’être ici avec le Premier Ministre pour dire ce qu’on va faire ensemble entre les deux pays. Nous allons essayer ensemble de faire le mieux que possible pour le peuple congolais par rapport à la qualité et aux prix très attractifs et pour développer la société », ajoute Ian Paterson.
Un commentaire
Un soutien de trop au regime de Kinshasa qu’on veut faire taire ou un chiffon monte par les congolais. On a vu des films d’espionage qui sont la realite, on a lu beaucoup de livre sur la politique diplomatique outre atlantique, nous avons ecoute beaucoup de retraite de ces politiques alors epargnez nous ces montages. Nous comprenons que quelque chose derrange et on ecarte ceux qui font que les choses marchent.